Dans l’odeur du pain brûlé
Cette nuit, j’ai rêvé qu’il était grand temps que je consulte, enfin, pas pour moi bien sûr, je viens pour un ami, ah ah ah. Je me trouvais donc seul dans une salle d’attente, le temps était long et l’ameublement spartiate, je réfléchissais à la meilleure façon de tourner ma lettre d’adieu, il paraît que Tony Scott en a laissé une dans sa voiture près du pont, mais c’est dommage les policiers ne veulent pas révéler ce qu’il y a dedans. Finalement l’infirmière entre dans la pièce, me tend un stylo et un formulaire de deux pages à remplir avant de rencontrer le médecin. Sur les deux feuilles l’impression bave, l’encre floute, ils devraient songer à changer la cartouche de leur photocopieuse. La première page contient une liste de questions sur la régularité de mes relations avec la Sécurité Sociale et sur mes antécédents médicaux, les diabétiques de la famille, mes infarctus, mes anesthésies générales, mon usage de stupéfiants alcool tabac, mes hépatites, mes allergies, interrogatoire au terme duquel je ne vois pas de quoi je pourrais me plaindre, enfin plaindre mon ami bien sûr ah ah. La seconde page est constituée d’un QCM visant à établir mon quotient dépressif. La première question est ainsi formulée : « Vivez-vous depuis une semaine prostré dans le noir et l’odeur du pain brûlé ? □ OUI □ NON (Si OUI comptez + 1 point) » Ah, okay, quand on a terminé, il suffit d’additionner les points en bas de page, ce n’est pas très compliqué.
Je me suis réveillé en gloussant, des soubresauts partout. Ah ah ah. C’est vachement rigolo, en fait, la dépression, pourquoi personne ne le dit jamais ?
Tout ça c’est pas juste moi, c’est parce que je lis l’actualité, il ne faut pas s’étonner, après. Il suffit que je lise ceci ou cela, ou même ça, et vlan je suis submergé comme devant par mes angoisses de fin du monde, 21 décembre mon cul, en réalité c’est chaque jour un peu, je devrais me surveiller je suis un vrai coeur de cible pour tous ceux qui annoncent l’imminente Apocalypse, il faudrait que j’en parle à quelqu’un, je le ferai le jour où je me déciderai enfin à consulter, ah ah ah.
Pour faire glisser j’écoute Didier Super. Les punks en principe ont toujours raison, parce qu’il n’ont rien à perdre, rien à cacher, rien à foutre les couilles, never mind the bollocks. Free Pussy Riot !
Et surtout joyeuse rentrée à tous !
Vrai de vrai, au moment où je lis ton blog, odeur de pain grillé, et, encore un peu endormie moi-même, je trouve ça tout à fait normal… La puissance des mots. Juste une copine qui fait ses tartines pendant que je suis sur le net.
Pour le reste, ne pouvant pas évoquer des dieux de sérénité auxquels je ne crois pas, je t’envoie le miroitement des feuilles des arbres dans la lumière d’est, l’iode de l’océan pas si loin, et des bises zossi.