L’estomac bien accroché
Tombant comme de par hasard après les excès des « fêtes », janvier est le mois propice à la diète, à l’abstinence, à la sobriété et à la frugalité, afin de laisser nos foies et nos estomacs le loisir se refaire une santé ! Amis gourmets et gourmands, je vous offre gracieusement mon astuce régime perso, mon conseil minceur (émoji qui cligne de l’oeil) : j’ai toujours à portée de main le livre Les demoiselles de Vienne de Pierre La Police.
Coup de génie éditorial hélas resté confidentiel (du moins pour l’édition originale, la réédition chez Cornélius semble quant à elle facile à trouver), ce livre repose sur un concept très original et, espérons-le, unique au monde : le recueil de photos de cuisine qui flanquent la gerbe. Plats lourds, vieux, répugnants, difficilement identifiables, filtrés par une lumière grise et verdâtre qui suggère que la date de péremption est outrepassée depuis belle lurette, et accompagnés de slogans neuneus à l’infernal premier degré, « Les plaisirs simples sont souvent les meilleurs », « Ne vous fiez pas à l’apparente bonhommie des cornichons », « Le pâté ne tolère aucune approximation », « La purée n’a pas dit son dernier mot », « Rien ne surpasse le pouvoir d’attraction de la viande », « Le dîner reste bien souvent pour la famille moderne la seule occasion de communiquer »….
Si jamais la fringale menace, aucune hésitation, j’ouvre au hasard le volume, un haut-le-coeur ne manque jamais de remonter, l’idée même d’introduire de la nourriture dans mon corps m’apparaît comme une intolérable monstruosité, et je peux sans souci poursuivre mon dry january en aspirant à la sobriété heureuse. Merci, Pierre la Police !
Pour découvrir le travail aberrant, inquiétant et désopilant (chacun ses goûts, hein) de Pierre La Police, voir par exemple Pierre la Police, une esthétique de la malfaçon chez Serious Publishing, qui reproduit plusieurs clichés gastronomiques des Demoiselles de Vienne.
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