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Articles taggués ‘FV Live !’

Good night, sweet princess

14/04/2025 Aucun commentaire
Le Sommeil, aussi intitulé Les Deux Amiesles Dormeuses ou Paresse et Luxure (1866, Musée des beaux arts de Paris, Petit Palais)

Je teste la censure de Meta (ou plutôt son absence) en publiant sur Facebook l’aimable tableau de Gustave Courbet ci-dessus, pudiquement intitulé Le Sommeil (c’est ça, ouais, sommeil, mais bien sûr, elles dorment à poings fermés, là, que votre nuit soit paisible les filles, et surtout faites de beaux rêves hein).

Car est venue l’heure de révéler officiellement la date de création du spectacle en trio Courbet : Je n’ai jamais eu d’autres maîtres que la nature et mon sentiment (titre trop long mais provisoire).
Christine Antoine au violon,
Bernard Commandeur au piano et aux arrangements,
Fabrice Vigne à l’écriture et à la voix.

C’est calé, c’est réglé, c’est dans le marbre. Le spectacle sera dévoilé le vendredi 27 juin 2025 au Château de Seyssins, et rebeloté dès le lendemain samedi 28 tant qu’on est chaud, chez Mme Evelyne Reinhart à Claix.
On lui souhaite le même succès que les deux précédents, Goya : démons et merveilles et Chagall : l’ange à la fenêtre, joués une quinzaine de fois chacun et ce n’est pas fini, des dates continuent de tomber, ça pourrait être assez classe de tourner simultanément les trois spectacles au catalogue, voire de se programmer un petit marathon, matin, après-midi, soir. Si quelqu’un est tenté : message privé hop hop.

Or la réaction (et c’est le cas de le dire) n’a pas tardé : il reste bel et bien un peu de censure sur effebé. Le réseau m’informe illico que le chef d’oeuvre de l’art moderne que je viens de diffuser est « rétrogradé dans le fil » (quoi pardon ? j’ai comme l’impression que c’est une contrepèterie, ah ah je vois ce que tu veux dire petit coquin Mark Zuckerberg) parce qu’il « ne respecte pas nos Standards de la communauté, des restrictions peuvent être imposées à la Page. »

Mais c’est bon. Je crois que j’ai trouvé le moyen de contourner la censure de FB pour vous annoncer la création du spectacle « Gustave Courbet » (le 27 juin à Seyssins, le 28 juin à Claix, venez nombreux).Mesdames et messieurs, j’ai la joie de dévoiler devant vos yeux éblouis… L’Origine du Monde !

Nan c’est même pas vrai, il s’agit de la cascade du Furet, photographiée depuis Barraux, dimanche dernier à l’ occasion du brunch des Détours de Babel, oh le beau paysage.

Bon, pour de vrai ça me saoule. Comme je le fais de temps en temps, je déserte FB.

On ne peut pas lire en boucle Je me souviens de Perec.
Je lis J’ai oublié, le beau recueil de mémoire plein de trous de Bulle Ogier (Seuil, 2019), écrit très élégamment, avec poésie, douceur, nonchalance et cependant conscience écrasante du tragique (nul chapitre sans une pensée pour ma fille Pascale).
Je tombe dès la page 26 sur une citation de Marguerite Duras que Bulle avait immédiatement adoptée, et, aujourd’hui, moi aussi, merci à toutes les deux : « Si j’avais le courage de ne rien faire, je le ferais. »
Je gougueule cette phrase merveilleuse parce que j’aime avoir les références exactes des mots que je fais miens. Hélas tous les résultats dans le moteur renvoient au livre de l’actrice. J’en déduis que Duras n’a jamais écrit cette phrase, elle l’aura sans doute prononcée en présence de Bulle Ogier sur le tournage de l’un des trois films qu’elles ont faits ensemble. Car elles ont fait des films, beaucoup de films, probablement par manque de courage.
Moi aussi j’aimerais parfois avoir le courage de ne rien faire. Mais c’est plus fort que moi, je fais. J’ai la chance d’être en paix relative avec mon prénom : Fabrice c’est celui qui fait, Homo Faber, « nomen est omen » allons-y.
À mon âge on finit par avoir une vague idée de qui l’on est : je suis un fainéant contrarié.
Alors je fais des trucs. Une masse de trucs. Pas un jour sans un truc. J’ai tellement de trucs à faire que j’annonce ici-même, avec effet immédiat, un nouveau sevrage de Facebook, pour une durée indéterminée, pardon, ces jours-ci j’ai trop de trucs à faire pour guetter les trucs faits par les autres. Je prends congé en postant ci-dessous la réclame d’un autre truc que je ferai bientôt : le prochain stage de création de chansons avec Marie Mazille se tiendra les 14-15 juin à Solexine (merci Véronique Stouls pour la com).
Salut !

Chacun sa chanson

27/03/2025 Aucun commentaire

Photo de famille : la dream-team du week-end dernier. De gauche à droite : Véronique Stouls, Denis Chatroux, Mali Billiau, Valda Daligand, un type chelou en sweat à capuche, Marie Mazille, Helene Hirtz, Claire Guy, Laetitia Plançon, Chantal Bouziat.
Encore un magnifique stage de création de chansons, joyeux et fertile, encadré par MMMM (Marie Mazille et moi-même).
Neuf stagiaires au total (l’un a dû s’éclipser avant l’heure de la photographie).
Soit neuf imaginaires à accompagner, neuf univers intérieurs à explorer ou ré-explorer sans relâche, neuf idées précises ou vagues, à sculpter par les mots et par la musique. Neuf improvisations dirigées. Neuf progressions, d’où que l’on parte.
Et, à la fin du week-end : neuf chansons.
Le miracle s’accomplit à chaque fois. Pas d’erreur, malgré la régularité qui le rend prévisible, il s’agit bel et bien d’un miracle, nous n’en sommes pas blasés.
D’ailleurs, nous pouvons d’ores et déjà révéler la date du prochain miracle : il aura lieu le week-end des 14 et 15 juin 2025 à Solexine, Grenoble.
Contrairement à ce que nous avions imprudemment annoncé, faute de trouver un créneau commun en croisant trois agendas chargés, CE NE SERA PAS un stage en trio, avec session d’enregistrement aux bons soins de Patrick Reboud… mais un « simple » stage en duo, même miracle ordinaire que le précédent.
Bien à vous et à bientôt,
MMMM.

(Les détails à l’adresse habituelle : https://www.fonddutiroir.com/blog/?page_id=17801)


Chacun de nos stages de création de chansons se concrétise par un certain nombre de titres, l’équivalent d’un EP voire d’un LP. Je veux dire : un extended play ou un long play, oui, pardon, je cause comme on causait au XXe siècle, lorsque la musique se consommait par albums conçus par les artistes plutôt que par flots de titres enchaînés par les algorithmes.Une fois ces chansons enregistrées dans des conditions professionnelles (merci Patrick Reboud), elles sont postées sur Soundcloud (merci Mali Billiau).
Certes, avec pas mal de retard, puisque la fournée publiée aujourd’hui même met en valeur des chansons créées il y a deux ou trois stages… mais peu importe, le résultat est là, bel accomplissement pour nos chantistes, et superbe carte de visite pour Marie Mazille et moi :
https://soundcloud.com/mariemazille-861880613
On découvrira dans cette cuvée, aussi hétéroclite que les autres, dix chansons (un album, vous dis-je) :

Le vrai Cularo puis Buralist song, deux chroniques urbaines avec supplément de gouaille dauphinoise, par Caroline Sebaibi ;
Recueil, poignante visite d’un garde-meuble comme on ouvre un album de famille ; puis Drôle de décor, prière athée, par Chantal Bouziat ;
Brutal, récit d’une tragédie et d’un traumatisme, comme son nom l’indique pudiquement ; puis Page d’écriture, discours de la méthode, c’est-à-dire deux facettes de Véronique Stouls (qui est une fille marrante, mais pas que) ;
Le bureau des souvenirs perdus, délicieuse fantaisie fleuve qui pourrait aussi bien être une nouvelle fantastique mais qui a bien raison d’être plutôt une chanson, par Mali Billiau ;
D’un sort malin, récit d’un fait divers paysan rendu à la fois hermétique, légendaire et universel par la grâce de la pure poésie, par Valda Daligand ;
Le plein de ta peau, déclaration d’amour épidermique et maritime, et mes fesses tu les aimes mes fesses, par Sylvie Reghezza ;
– Et puis bien sûr la chanson collective pour conclure cet album-ci, car où en serions-nous sans collectif : Jaloux, une java qui pose les vraies questions : « Où est l’amour ? Entre quatre mours ! Où est ma mère ? Qui m’exaspère« , etc.

Ne pas confondre Tarif et Tariff

09/03/2025 Aucun commentaire

Prochain stage de création de chansons assuré (et faut voir comment) par Marie Mazille & Fabrice Vigne : les 22-23 mars 2025, à Solexine, Grenoble.
Comme l’échéance est dans 15 jours, il est grand temps de relever le compteur : restent non pas mille non pas cent non pas dix places vacantes, mais DEUX. Figurez-vous qu’on ne vend pas ces deux ultimes aux enchères, elles restent au même tarif dérisoire que les autres : 160 euros le week-end.
Merci à Véronique Stouls qui nous a concocté l’attrayant support de com ci-dessus. Les autres détails à retrouver au Fond du Tiroir.

J’annonce les tarifs de notre stage et brusquement je découvre le dernier trumpisme à la con : le fou dangereux orange et blond vient de déclarer “tariff is the most beautiful word in the dictionary”. Comme je refuse d’avoir quoi que ce soit en commun avec ce type (à part à la rigueur les organes de base équipant un être humain), et certainement pas un mot fétiche, je m’indigne, m’ulcère et objecte qu’il existe des centaines de milliers de mots plus beaux que tarif. Figurine. Ombilical. Geyser. Confidentiel. Projectile. Relief. Graminée. Couleuvre. Iceberg. Chenil. Bronches. Kangourou. Agrafe. Collision. Marguerite. Pécamineux. Crocus. Tremblement. Acrobatie. Lénifiant. Et combien d’autres. Je me demande si tous les mots du dictionnaire ne seraient pas sensiblement plus beaux que Tarif.

Bref, pour jouer avec plein de jolis mots, rendez-vous le 22 mars. Is there Life on Mars ? Ben oui ! (Message subliminal : vive David Bowie, à bas Elon Musk.)


Un petit jeu, en avant première.

Comme nous avons systématiquement un bon taux de redoublants (triplants quadruplants ad lib.) Marie et moi tâchons de renouveler en permanence le répertoire d’exercices que nous confions à nos stagiaires. En voici un inédit, que nous venons d’inventer. Nous avons choisi une chanson très inconnue d’un chansonnier très connu (je n’en dirai pas davantage), et en avons prélevé tous les mots clefs : Pluie, Venir, Nuages, Mon gars, Avancer, Croche-patte, Chemin, Long, Main, Chanter, Copains, Girouette.

Il vous reste à écrire une chanson nouvelle en incluant ces mots-là. Dernière étape : comparer le résultat avec l’original peut s’avérer amusant.
Si vous n’êtes pas présent avec nous ce week-end (tant pis pour vous) vous avez le droit de jouer chez vous.

Comme il est tout-à-fait inconvenant et contraire à l’éthique de donner une consigne qu’on n’a pas au préalable suivie soi-même, je me plie illico à l’exercice. J’écris ceci, en quintils monorimes, anaphores et alexandrins (je le précise pour qui serait déjà versé dans le vocabulaire technique) :

Le nuage est si grand que le ciel est caché
Le nuage est si long qu’on ne peut l’empêcher
Le nuage est si bas qu’on pourrait le toucher
Le nuage est si lourd… et la pluie est lâchée
Sous le ciel océan, mon gars, il faut marcher !

Chaque goutte te frappe jusqu’à t’écorcher
Chaque goutte te vise à la main d’un archer
Chaque goutte te cogne en caillou en rocher
Chaque goutte léchée crachée torchée douchée
Sous le ciel océan, mon gars, il faut marcher !

Horizon renversé, girouette perchée
Horizon sans chemin sans plafond ni plancher
Horizon sans chanter sans copain sans clocher
Horizon croche-patte à travers la drachée
Sous le ciel océan, mon gars, il faut marcher !

Un jour viendra peut-être un jour sans trébucher
Un jour viendra et un toit pour te retrancher
Un jour viendra et un abri pour te sécher
En attentant ce jour, avance sans flancher.
Sous le ciel océan, mon gars, il faut marcher !

Intervenant en milieu scolaire

28/12/2024 Aucun commentaire

Cette nuit, j’étais censé jouer dans une école le spectacle Je t’embrasse pour la vie, lettres à des morts.

Je me demandais si c’était vraiment adapté à un public jeunesse, mais bon, pour une fois qu’on reçoit une commande, qu’on nous promet un cachet, on ne va pas cracher dessus, pas de fine bouche allons-y, va pour une école. Lorsque j’arrive sur place, j’apprends que c’est organisé dans le cadre d’une journée de sensibilisation aux handicaps. Ah, bon ? Mais quel rapport avec la guerre de 14 ? Oui, c’est vrai que beaucoup de poilus sont revenus handicapés mais tout de même, je me demande s’il n’y aurait pas un malentendu… Bon, je ne discute pas, je me prépare, j’enfile mon costume noir pendant que les enfants jouent dans la cour de récré. Mais merde, me voilà en solo pour un spectacle conçu en trio, mes textes à moi je les connais à peu près, mais ceux de Stéphanie ??? Ah tant pis, je n’ai plus le temps de réfléchir, je me débrouillerai, il faut juste que je vérifie que j’ai bien le bouquin original dans mon sac et pas seulement mes propres textes réécrits à la main. Et la musique, au fait ? Bordel, mais Tof et sa cornemuse ne sont pas là non plus ! Ah ben oui l’école n’avait d’argent que pour un seul cachet ! Qu’est-ce que je peux mettre comme musique à la place ? Attends voir ils ont quoi sous la main ? Sur le bureau de la maîtresse devant le tableau : un lecteur de CD, et c’est quoi les albums à disposition ? Steve Waring, Henri Dès… C’est pas du tout adapté, ça va faire un contraste très bizarre, je vous le dis tout de suite ça va être n’importe quoi cette représentation… Mais bon, il faut que je me répète que c’est payé, et que ça nous vaudra peut-être une meilleure invitation ailleurs, faut que j’ai le réflexe effet domino, ah au fait je les ai pris les flyers ? Plus le temps de finasser, je vois les parents d’élèves faire la queue devant l’entrée, certains ont des bébés dans les bras, ils ont tous l’air de bonne humeur, les pauvres ne savent pas ce qui les attend, je vais te casser l’ambiance, moi, ça va pas tarder, j’entends les flonflons et les boums-boums, les hauts-parleurs dans la cour de récré, en fait c’est la kermesse de fin d’année, je vois dans la cour un stand de tir sur boîtes de conserve, vite, il faut que j’invente un moyen de rattacher le spectacle à ce stand, inviter les parents d’élèves à tirer sur des boîtes de conserve pendant que j’énumère mes morts, un semblant de cohérence rétabli, ça pourrait marcher, allez on y va, aux grands maux…
Heureusement, sur ce je me réveille.

En guise de postface, par Christophe Sacchettini.

« Je n’ai jamais eu d’autres maîtres que la nature et mon sentiment »

02/09/2024 Aucun commentaire

Finalement, ce sera une trilogie.
Après Goya : Monstres et merveilles créé en 2022 (voir ici)…
Après Chagall : L’Ange à la fenêtre créé en 2023 (et dont la tournée se poursuit : toutes les dates ici)… 
Le trio Christine Antoine/Bernard Commandeur/Fabrice Vigne prépare pour 2025 son troisième spectacle biographico-musico-politico-pictural, intitulé Courbet : Je n’ai jamais eu d’autres maîtres que la nature et mon sentiment.
C’est une bonne nouvelle ! Alors pourquoi cette mine de désespéré, s’il vous plaît ?

Plus je me documente, plus je me passionne pour le personnage.
Quel type stupéfiant ! Quel punk !

En échantillon, juste une anecdote : en 1870, Courbet refuse avec fracas la légion d’honneur parce qu’il désavoue le gouvernement (COURBET PRÉCURSEUR DE JACQUES TARDI !)* et dans la foulée s’engage dans la Commune, ce qui lui vaudra beaucoup d’ennuis : pour fuir le harcèlement politique subi dans son propre pays il passera les dernières années de sa vie au bord du lac Léman (COURBET PRÉCURSEUR DE CHARLIE CHAPLIN !), où, alcoolique, il continue d’insulter l’académie locale en passant sous ses fenêtres et ce faisant d’insulter l’académisme (COURBET PRÉCURSEUR DE CHARLES BUKOWSKI !), où, également, il tente de retrouver quelque chose de nouveau à dire sur la nature (illustration ci-dessous : Vue du lac Léman, COURBET PRÉCURSEUR DE L’IMPRESSIONNISME !), voilà qu’il se fait arrêter par la police suisse parce qu’il se baigne tout nu dans le lac (COURBET PRÉCURSEUR DE PHILIPPE KATERINE !).

Comme avec les deux précédents, en rédigeant le texte du spectacle je m’emballe pour la vie et l’oeuvre du peintre, et tout spécialement pour son rapport avec la politique : Goya, Courbet, Chagall, chacun a pris son époque en pleine tronche, et de cette violence du réel il fit ce qu’il put. Ces quelques mots, il en fit ce qu’il put, sont le vrai moteur des biographies que je rédige. En ce qui concerne Gustave Courbet, le principe de réalité politique qui a embrasé sa vie n’est autre que la Commune de Paris. Oh, j’ai de quoi dire. Il est possible que la bande son du spectacle comprenne La semaine sanglante, La Canaille ou Elle n’est pas morte.


* Rappelons que si la légion d’honneur a été refusée quelques orgueilleux et provocateurs, tels que : Guy de Maupassant, Maurice Ravel, Thomas Piketty, Guy Bedos, Jane Birkin, Jacques Tardi, Bernard Clavel, Eddy Mitchell, Bernard Pivot, Hervé Kempf, Niki de Saint-Phalle, Marjane Satrapi… elle est, en revanche, portée avec force gratitude envers la France par nombre d’immarcescibles héros et serviteurs du peuple, ayant une conception plus modeste de la dignité, tels que : Vincent Bolloré, Bernard Arnault, Vladimir Poutine, Bachar al-Assad, Mohammed ben Nayef, Ali Bongo, Harvey Weinstein, Jeff Bezos, Abdel Fattah al-Sissi, Didier Lallemant, Patrick Pouyanné, Thierry Ardisson, Michel Houellebecq, Gérard Depardieu…
Et ça, c’est pour les vivants. S’il fallait collectionner les morts glorieux qui ont arboré le pin’s à la boutonnière, il faudrait citer Adolphe Thiers, Mussolini, Maurice Papon, Manuel Noriega, Franco, Ceaucescu, Bokassa, Ben Ali, Jacques Servier, André Tulard et évidemment Philippe Pétain. Rien que des cadors.

« L’Effet Domino », réseau social alternatif

20/07/2024 Aucun commentaire

Adieu les réseaux. Je décroche. Je me rends compte à nouveau que je perds trop de temps sur ces écrans qui font tout pour capter insidieusement mon attention alors que j’ai mieux à en faire. Les écrans font écran entre soi et soi.
Mon attention comme toutes les attentions du monde fait ce qu’elle peut : elle capte, elle scrolle, elle mouline, elle associe, elle passe à autre chose.
Là, tiens, je vois passer sur mon profil, parmi des tas d’images qui me rappellent de précédentes images que j’avais laïkées imprudemment, une question posée à la cantonade, comme un sondage sauvage surgi lui aussi du fin fond des algorithmes, comme un jeu brise-glace, question sociale pour réseau social : « Qu’avez-vous honte d’acheter en public ? »
J’arrête de scroller, je lève le nez, car c’est le nez en l’air qu’on réfléchit (qu’on se désécranne, c’est ça). De quoi aurais-je honte, si l’on me surprenait en train de l’acheter ? En tout cas, depuis que j’ai cessé d’acheter des revues porno à la fin du siècle dernier (ça existe encore, les revues porno ?) ?
Rien, peut-être ? Ou tout, puisqu’absolument tout participe de ce vaste suicide qu’est la société de consommation ? J’essaye d’être plus spécifique, de trouver un exemple. Je dirais bien « Mon billet d’avion » puisque je prends l’avion aujourd’hui même, mais la transaction ne s’est pas faite en public, tout est en ligne, les écrans cachent aussi les hontes, c’est leur fonction.
Je réfléchis mais je n’écris rien, je ne participe pas au sondage sauvage. Je consulte les réponses des autres. L’immense majorité est faite de « Rien », voire de « Rien du tout » qui enfoncent le clou, les consommateurs sont décidément des consommateurs heureux. Parfois une idée intéressante apparaît qui révèle où va se nicher la mauvaise conscience contemporaine, « le plein d’essence », « les grillades du barbecue ».
Je pourrais répondre dans la même veine « Un avocat » puisque j’adore ça alors que je sais que la culture intensive de l’avocat est catastrophique pour l’environnement. Mais merde, avoir honte pour un avocat acheté un euro cinquante alors que d’autres n’ont aucun scrupule à acheter un avocat (d’une autre sorte, plus véreux) pour des milliers d’euros en cash dans des valises !
Voilà qui me rappelle une récente polémique. La très respectée et immensément respectable Ariane Mnouchkine à la suite des scrutins qui propulsent l’extrême-droite, a écrit une tribune où elle battait sa coulpe, elle avait honte, elle en faisait une affaire personnelle, elle se demandait ce qu’elle avait échoué, qu’avait-elle donc fait ou pas assez fait. Alors que ce n’est pas du tout à elle d’avoir honte. Ceux qui devraient avoir honte, les vrais, n’ont pas honte.
Je me suis encore laissé aller à réfléchir et associer les idées à partir d’un scroll sur les réseaux sociaux. Vive Mnouchkine, au fait.
Bref.
Adieux les réseaux. Je déconnecte, je ferme le lap sur le top, je plie, je pars, je m’envole, je m’en vais imprimer le carbone en plein ciel transatlantique. Le Fond du Tiroir se volatilise, entre dans une période de vacances ET de travail, en tout état de cause une période de silence.
Je vous laisse sur une belle image à l’horizon : j’ai la joie de vous adresser ci-joint un faire-part de naissance, celui du collectif de diffusion de spectacles « L’Effet Domino ». Explorez son riche catalogue, et constatez, je vous prie, que non seulement je suis partie prenante de trois des quatorze spectacles présentés, mais que les onze autres sont drôlement bien aussi. Rendez-vous sur https://collectif-effetdomino.fr. N’ayez pas honte d’acheter un spectacle ! 

Mange tes morts

14/07/2024 Aucun commentaire

Tiens, c’est le 14 juillet, jour des défilés militaires à la con, alors moi aussi je parade au sujet de la guerre.

Comme précédemment avec les Trois filles de leur mère (vous ne connaissez pas ce spectacle ? c’est trop tard, nous ne le jouerons plus jamais, mais découvrez-le ici, il était génial !), l’artiste franco-québécoise Adeline Rognon (vous ne la connaissez pas ? découvrez-la ici, elle est géniale !) nous a offert le visuel incroyablement beau du spectacle Je t’embrasse pour la vie : Lettres à des morts (vous ne le connaissez pas ? découvrez-le ici, il est génial !) créé par Stéphanie Bois, Christophe Sacchettini (vous ne le connaissez pas ? découvrez-le ici, il est génial !) et Fabrice Vigne.

En contrepartie, nous offrons à Adeline un tirage de luxe de ce même visuel, numéroté-signé-hyperclasse, aux bons soins du Sérigraphe-Apothicaire Geoffrey Grangé (vous ne le connaissez pas ? découvrez-le ici, il est génial !). Si quelqu’un dans la salle souhaite acquérir pour un prix dérisoire ce stupéfiant objet d’art, un brin mexicain mais évoquant cependant le suicide européen de 1914-1918, qu’il me contacte (vous êtes génial(e), je ne vous connais pas mais je ne demande qu’à vous découvrir !).

En attendant, la prochaine représentation du spectacle est fixée : le samedi 21 septembre à Talissieu (Ain). Jour de l’automne. Ce qui est assez pertinent, oh là là, les feuilles tombent à la pelle, je vois ça d’ici.

Chagall, sons et lumières

31/05/2024 Aucun commentaire

Oui, bon, j’ai bricolé cette affiche alors que je n’ai jamais dépassé le stade « débutant sur Photoshop » mais l’important est qu’elle soit informative. Soyez informés : la tournée Chagall, l’ange à la fenêtre passe bientôt près de chez vous ! (Du moins si vous habitez près de Claix, de Seyssinet, d’Oris-en-Rattier, de Grenoble ou d’Eybens.)

« La biographie de Marc Chagall (1887-1985) est un voyage. Né au sein d’une famille juive dans un shtetl de Biélorussie, il fait ses études à Saint-Pétersbourg et dès 1910 rejoint Paris, alors capitale mondiale des arts. Il retourne en Russie pour participer à la Révolution et sera même promu « commissaire aux beaux-arts » de la jeune URSS, avant de fuir définitivement son pays natal pour Berlin, les USA, le Brésil… La dernière partie de sa vie s’ancre en France, qui reste son pays de cœur.
Nous évoquerons ses pérégrinations, son art et son époque, en mêlant le récit biographique, les images projetées… et bien entendu la musique, si présente dans son œuvre, avec un répertoire dominé par la musique russe mais s’autorisant, comme lui-même, des détours par le klezmer, la musique française du début du XXe siècle, et même l’opéra : l’une des dernières grandes œuvres de Chagall n’est-elle pas la fresque au plafond de l’opéra Garnier à Paris ? »

Violon : Christine Antoine
Arrangements et piano : Bernard Commandeur
Texte et voix : Fabrice Vigne
Durée approximative : 1h10

Prochaines représentations :

– Dimanche 2 juin 11h, à Claix (mais c’est complet)
– Dimanche 30 juin 11h, dans le château de Seyssinet
– Vendredi 30 août 18h, dans la chapelle d’Oris-en-Rattier qui se trouve être le village natal de mon père mais ça n’a presque rien à voir
– Lundi 9 septembre 19h, à l’Espace des Cultures Juives de Grenoble
– Mardi 10 septembre, 19h, au 170 Galerie de l’Arlequin, chez Mme Marie M. et M. Christophe S. (nous passons leurs noms sous silence par souci de leur vie privée)
– Samedi 23 novembre, 19h : Chambéry (73)
– Samedi 30 novembre, 18h30 : chez Mme Valérie Levallois, Corps d’Uriage (38)
– Mercredi 22 janvier 2025, dans le showroom de la Cogedim, Grenoble (soirée privée sur invitation, désolé les non-VIP)
– Jeudi 23 janvier, en soirée, à Eybens
– Samedi 25 janvier, en soirée, à Seyssinet
– Dimanche 26 janvier, 11h, à Jarrie
– Mardi 1er avril, 19h, Eglise / Salle polyculturelle de Val Thorens (73)

La disquette et le métier

31/03/2024 Aucun commentaire

Je ne sais pas si cela m’était déjà arrivé… Le cas échéant j’ai dû finir dans un état tel que je n’en ai gardé aucun souvenir…
La semaine prochaine, je me produirai sur scène dans quatre concerts, avec quatre groupes distincts, pour quatre programmes n’ayant rien à voir.
Comme me le disait mon camarade Tofsac, plus coutumier que moi d’une pareille densité, usant d’une métaphore du siècle dernier strictement incompréhensible pour les moins de 40 ans, il suffit de « changer de disquette ». D’accord mais au bout d’un moment peut-être vaut-il mieux changer de métier. Je crois que j’en fais trop, des métiers. Heureusement, dans un peu plus de trois mois, j’en abandonne un, ouf. Ah mais attends c’était le seul qui me rapportait des thunes, zut. On ne peut pas tout avoir.
En attendant, je poste mon programme ici, ça me fera un agenda, car il est plus prudent de multiplier les agendas :
– Mardi 2, 19h, « Victor & Wolfgang alias Dizzy & Ella », duo avec Marie Mazille, Voiron, librairie au Bord du jour, dans le cadre du festival de jazz off.
– Jeudi 4, 20h, Micromegas (dir. François Raulin), Solexine, Grenoble.
– Vendredi 5, 20h, Orchestre Symphonique d’Eybens (dir. Christine Antoine), l’Odyssée : je trombone et je présente (ne venez pas, guichet fermé).
– Samedi 6, 18h, « Alice, Charles & les autres » , Grenoble.

Développons un peu ce dernier…

Le spectacle « Alice, Charles & les Autres » réinvente et (toute modestie gardée) sublime un répertoire de chansons, contes et même proverbes recueillis autrefois par les folkloristes Alice et Charles Joisten dans le Queyras.
Il fut conçu l’an dernier pour « jouer à domicile », c’est à dire pour répondre à une commande du festival MusiQueyras, afin d’être rendu à qui-de-droit tel un hommage.
Mais ô qu’il eût été dommage qu’il s’en tînt là, fût oublié, disparût, expirât en pleine jeunesse, et ne délivrât point au reste du monde ses trésors (sublimés) de sagesse et d’inventivité traditionnelles et comme ils sont charmants ces circonflexes du subjonctif, on dirait les toits d’un village de montagne dans les Hautes-Alpes !
J’ai la joie non feinte de clamer que mes camarades Marie Mazille, Laurence Dupré, Patrick Reboud, Christophe Sacchettini et moi-même redonnerons non pas une mais deux fois ce spectacle au mois d’avril.
– Samedi 6 avril à 18h, au 170 galerie de l’Arlequin à Grenoble (ceux qui savent, savent ; ceux qui veulent savoir peuvent encore demander et il leur sera répondu).
– Dimanche 14 avril vers 20h, à la MFR de Bourgoin-Jallieu dans le cadre du stage de printemps de Mydriase (ceux qui savent, savent ; les autres peuvent encore s’inscrire, il reste une ou deux places).

Tous les détails, y compris le teaser audio ainsi que l’appréciation que nous a délivrée Alice Joisten en personne (nous sommes validés, quel honneur !) au Fond du Tiroir.

Ella & Dizzy

17/03/2024 Aucun commentaire

À la faveur d’un malentendu tout-à-fait amical, Marie Mazille et moi-même sommes invités à donner un concert dans le Off du Festival de Jazz de Voiron.

Nous avons dûment averti que ce que nous faisons est assez peu qualifiable de « jazz » sauf bien entendu à s’en remettre à la définition extensive donnée par le regretté Howard Becker, sociologue et pianiste : « Si c’est intéressant, c’est du jazz » .

Comme nous n’avons peur de rien, et certainement pas du ridicule (où en serions-nous dans le cas contraire, je vous le demande), nous avons relevé le défi. Notre duo, intitulé jusqu’à présent Victor & Wolfganga, s’est sur le champ rebaptisé Ella & Dizzy, et ainsi nous irons faire swinguer nos chansons et mirlitons à Voiron, le mardi 2 avril à 19h, entre les rayons de la librairie Au bord du jour, 20 rue Dode, d’ailleurs mon correcteur orthographique à l’instant me suggère Rue Dodécaphoniste, et en voilà un signe propice.

(Pour faire connaissance avec cette admirable librairie et son excellente tenancière, Géraldine Hérédia, on peut cliquer ici.)

Le répertoire du jour sera constitué de nos fantaisies habituelles, augmentées de pas moins de trois créations mondiales conçues exclusivement pour l’événement : Bonne fête Sandrine (car nous consultons toujours scrupuleusement l’agenda avant d’accepter une date, et le 2 avril est bien Sainte-Sandrine) ; Le syndrome de l’imposteur (tango) (spéciale dédicace à J.-L. S.) ; et enfin, puisque nous sommes là pour jazzifier un minimum, Caravan, le standard orientalisant de Duke Ellington que nous avons sans vergogne outragé avec des paroles françaises.

Post-scriptum d’après coup : oui on l’a fait et oui c’était bien ! Photos ci-dessous Laurence « Sandrine » Menu.

Avec un témoignage exclusif de Marie-Wolfganga-Ella Mazille :

Il y a une vingtaine d’années, j’ai fait un cauchemar épouvantable : je me baladais dans les couloirs du Cargo (euh pardon de la Macu…euh pardon de MC2…) quand tout à coup sans comprendre comment ni pourquoi je me retrouvais dans les loges propulsée énergiquement par deux grands gaillards vers….vers…vers la plus grande scène de MC2 (190 m2), pour la soirée d’ouverture du festival de jazz de Grenoble, en piano solo. Au niveau public, noir de monde (donc 1000), au niveau enthousiasme : « Youpi, ça y est nous distinguons Carla Bley en train de se diriger vers son Steinwey ça va le faire grave, cris de joie, applaudissements à s’en choper des ampoules, tout le monde debout etc etc… » et moi, en train de protester contre cette erreur, me rapprochant à une vitesse vertigineuse du clavier, réfléchissant à combien de temps j’avais fait du piano dans ma vie (10 minutes ?) de jazz ? (un quart d’heure ?)…Réfléchissant au SEUL MORCEAU que je pouvais ne pas massacrer…Au clair de la lune (le A, pas le B, en do, pas en ré trop compliqué !)…à la main droite (je suis droitière)…mais que faire de la main gauche ???????? M’étaler de tout mon coude avec vigueur et conviction sur une vingtaine de touches aléatoires en m’imaginant virtuose de free jazz !!!!…Je transpire…Je tati-carde…Je suis au bord de l’évanouissement….DDDDDRRRRIIIIIIINNNNGGGGGG, avant l’attaque du do fatal, je me réveille……Mais HEUREUSEMENT grâce à mon ami et collègue Fabrice Vigne, 20 ans plus tard me voilà sur scène pendant le festival de jazz de Voiron….et je ne me suis jamais réveillée…Bonne nuit tout le monde !