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Des nouvelles de l’armée mexicaine

L’agenda de la Jeanne d’A. : aujourd’hui 1er mai, fête de Jeanne d’Arc, toujours encabanée, toujours tenue en otage, non plus pas les Anglais mais par les fafs de chez nous.

Fête du travail, aussi. Alors qu’il n’y en a plus. Plus de cortège non plus, forcément. Moi, le 1er mai, je dors. Mon rêve de cette nuit : je discutais avec Leonard Cohen. J’étais assis à un bureau, des tas de papiers devant moi, et Leonard faisait les cent pas, l’air contrarié, avec son chapeau et ses lunettes de soleil. Aurélie Filippetti était là aussi, nous observant d’un oeil bienveillant. Leonard me disait calmement, de sa voix d’infrabasse : « Tu ne peux pas publier ça. Cette interview de moi est sans intérêt ». J’essayais de temporiser : « Essayez de comprendre, Leonard, si nous publions cette interview, ce sera en lien avec la programmation de l’année prochaine. Or nous avons prévu une conférence sur les mangas, voilà pourquoi la personne qui vous a interviewé vous a demandé votre avis sur les mangas… » Il n’en démordait pas : « Cela n’a aucun intérêt, je ne lis pas de mangas, ma réponse n’est qu’un cliché d’ignorant, ne publiez pas ça… »

Je crois que ce rêve s’explique par ce que j’ai lu avant de m’endormir. J’ai dévoré le second numéro de la revue Metaluna, et cette lecture d’un crypto-néo-archéo-fanzine en papier, au vrai bon goût de mauvais goût, animé par d’irréductibles fondus de cinéma bis voire ter, érudits déviants, est tellement inespérée, anachronique en 2013, qu’elle m’a rendu à ma propre jeunesse, alors que j’écrivais dans des fanzines et que je lisais Mad Movies, ancêtre en droite ligne de celui-ci. Or figure dans ce Metaluna 2 une interview, non de Leonard Cohen, pas du tout le même genre de beauté, mais du dessinateur de bandes dessinées Caza :

– Pourquoi as-tu décidé d’auto-éditer ton dernier album, Le jardin délicieux ? Une nécessité face à une certaine frilosité des éditeurs ?
– Oui, mes éditeurs habituels et quelques autres n’en ont pas voulu. Je ne sais pas, et je ne veux pas le savoir, si c’est pour une question de contenu, d’autocensure… Ou seulement pour des raisons commerciales habituelles : ça n’entre à peu près dans aucun créneau, c’est à la fois cochon, rigolo et intello. Et puis après tout, j’ai fait cette BD dans la jubilation de la liberté, dans contrat, sans rien demander à personne, en me permettant tout… Il était cohérent de l’éditer moi-même avec le même esprit de liberté, sans me mettre aucune pression financière. On peut dire que cet album est financé par ma caisse de retraite.

J’ai immédiatement commandé en ligne ledit livre. Je me souviens, c’est dans les années 70 que j’ai découvert la SF dessinée par Caza, j’étais enfant. Je lisais aussi Bretecher (mes parents étaient abonnés au Nouvel Obs, je ne lisais dans ce canard que la page des Frustrés), ou Fred, dont la saga Philémon est sans aucun doute l’un des plus profonds chocs esthétiques de mon âge tendre, du genre qui modifie la façon dont on regarde le monde et ses représentations (pensée sincèrement émue pour Fred qui vient de casser sa pipe). Or, dès cette époque, j’avais été très impressionné par le geste de Bretecher ou Fred qui, délaissant leurs éditeurs habituels, choisissaient d’auto-publier ce que bon leur semblait, Les Frustrés justement pour l’une, Parade et Magic Palace Hotel pour l’autre. Je n’avais pas conscience qu’ils constituaient l’avant garde de l’armée mexicaine et bariolée que j’évoquais il y a peu, rejointe aujourd’hui par Caza.

  1. Tof Sacchettini
    05/05/2013 à 19:10 | #1

    Bon, OK, OK, je vais acheter Métaluna…Ca fait un moment que je tourne autour, mais l' »humour » de Putters et de sa tribu m’a toujours fait pousser des grosses pustules vertes. Mais il m’a trouvé le contact de Jean Rollin, alors si tu t’y mets aussi…

  2. Tof Sacchettini
    05/05/2013 à 19:12 | #2

    …Ou alors tu me le prêtes ??
    Arf

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