Caillou un peu, mais surtout papier et ciseau
Une fois pas coutume : Hervé Bougel est prophète en son pays. Les bibliothèques de Grenoble célèbrent son inlassable travail d’éditeur par une exposition et une série de rencontres, sous l’intitulé général La poésie cousue main, qui rend justice à sa triple casquette de poète, d’esthète, d’arpette. Le défilé sur podium, à moins que ce ne soit le vernissage de l’expo, aura lieu le vendredi 22 mars prochain à partir de 18h30, à la Bibliothèque d’Étude de Grenoble. Je serai présent, puisque non seulement Hervé et moi co-éditâmes une Racontouze, mais surtout j’ai la joie l’honneur et l’avantage de me compter parmi les auteurs des éditions pré#carré, où j’ai publié en 2011 une lettre morte, une plaquette bleue reliée à la main d’un brin de raphia, oui messieurs-dames, noué par les mains mêmes du taulier figurez-vous, intitulée Dr. Haricot de la Faculté de Médecine de Paris.
Depuis quinze ans peut-être qu’il anime à bout de bras son atelier carré de poésie qui dit bonjour, en tout état de cause depuis sept ans que je le côtoie, Hervé passe par des phases de doute et de lassitude, du type : « Cette fois ça suffit, pré#carré me pompe toute mon énergie, je jette l’éponge, j’ai des choses à écrire au lieu de me consacrer à l’écriture des autres… » Mais tout aussi régulièrement, il tombe sur un manuscrit qui fouette son enthousiasme, remonte son ressort, et c’est reparti mon kiki. Lisez donc ce vieux post sur son blog, entendez comme il parle bien d’un texte qu’il veut défendre, et en filigrane, de son métier d’éditeur. Il va de soi que je ne lui jette pas la pierre, cyclothymique moi-même, je comprends les pétages de feu aussi bien que les pétages de durite.
Aujourd’hui, toutefois, il semble que le pré#carré pourrait toucher pour de bon à son terme, et que cette belle expo soit bouquet final, fête d’enterrement (de première classe)… Quelques indices de liquidation : aucun signe de vie sur son blog-très-intéressant depuis six mois… Certes on peut toujours lire les archives, qui seront stimulantes longtemps (je reconnais sans rechigner que son blog, tutti-frutti des travaux et des jours, des humeurs et bonnes et mauvaises fois, des livres qu’on fait et de ceux qu’on lit, me fut une source d’inspiration directe).
Bah. Même si vraiment le glas d’un cycle a retenti, on retrouvera RVB ailleurs. Il suffira de le chercher là où il se trouve – il est très actif sur Facebook où il a inventé la Photo qui bouge (ici l’émission de radio qui a fait le renom de ce gang de maniaques), et ses prochains livres, cousus par d’autres, feront forcément parler.
Et puis tiens d’ailleurs j’apparais telle une guest star un rien spectrale dans une Photo qui bouge prise à Troyes.
Le gang de maniaques est désormais constitué en association 1901, toutes contributions bienvenues. Joli billet!