Pour ne pas se tromper devant le présentoir ?… Le dessus du panier, c’est le Fond du tiroir !
Qu’est-ce que L’Echoppe enténébrée (en vente nulle part dès le mardi 20 mai) ?
Ma fille me demande: « C’est quoi, ton nouveau livre ? Un roman ?
– Non.
– Alors, c’est un documentaire. »
Elle a raison. Je documente, je rends compte, je témoigne à ma mesure des étrangetés de la nuit.
Je prends les rêves au sérieux. Pas de façon surnaturelle – je n’y cherche ni prémonition (puisque l’avenir n’existe pas), ni portail sur l’au-delà (je n’ai pas cet orgueil-là), ni universelle « clef des songes multi-usages » genre couteau suisse (puisque le sens est fermé de l’intérieur). J’y trouve simplement une matière plus riche et plus complexe, plus drôle ou plus terrifiante, plus émouvante et tellement plus étrange que certaines journées passées en plein soleil.
Je me souviens d’avoir lu un article (je crois qu’il émanait d’une université canadienne) qui affirmait avoir percé le mystère, avoir trouvé le sens du rêve, sa fonction immémoriale et primitive : combiner des éléments du réel afin d’en présenter au rêveur une formule possible, ceci afin qu’il se prépare à l’affronter si jamais elle survenait de jour. Combiner : imaginer, en somme. Ni plus, ni moins. (Par extension, cette stimulante approche pourrait être appliquée au cinéma, dont on sait depuis Cocteau qu’il est « le moyen de faire rêver le même rêve à plusieurs personnes en même temps » : effectivement, d’innombrables films m’ont préparé à d’innombrables situations, c’est un autre sujet… Sur lequel on peut voir avec profit le court métrage Just like the movies de Michal Kosakowski, qui démontre de façon époustouflante comment Hollywood s’était préparé depuis des années au 11 septembre 2001 à New York.)
L’homme des cavernes rêva peut-être d’un mammouth se ruant sur lui dans la plaine. Ce faisant, il n’avait inventé ni le mammouth ni la plaine, mais avait placé mentalement l’un sur l’autre parce que cette situation était après tout possible, et qu’il était utile de la visualiser les yeux fermés afin de ne pas être pris au dépourvu le jour venu. Tant pis si l’hypothèse est prosaïque, elle est intéressante parce qu’elle rappelle que le champ des possibles n’a rien de rationnel – il est émotionnel. Ce à quoi nous préparent les rêves (et les films), ce n’est pas tant les événements que les émotions. Un mammouth, ça fout les jetons. Je m’en souviendrai, le jour où quelque chose, un mammouth ou n’importe quoi, se ruera sur moi. De là à dire que ça me servira de leçon…
Mais depuis quand tirons-nous des leçons des documentaires ? Si c’était le cas, la paix règnerait sur la terre.
CQFD, nous voilà fixés sur la nature de L’Echoppe enténébrée (en vente nulle part dès le mardi 20 mai).
Post-scriptum quatre ans et demi plus tard : c’est curieux, cette histoire de chasse au mammouth a ressurgi tel un rêve prémonitoire dans le livre Double tranchant, sorti le 15 octobre 2012, et à son tour en vente à peu près nulle part, puisque la tradition s’est pérennisée… Ci-dessous le bon de souscription :
L’un de mes rêves les plus marquants, suffisamment en tout cas pour que je prenne la peine d’en faire un récit écrit dès le lendemain, me rendait acteur d’une formidable partouze au milieu de plusieurs femmes dont une vedette de la chanson.
Dois-je comprendre que ce rêve fabuleux était donc destiné à me préparer à cette situation si, des fois, un jour… hein ?
C’est bon ? A partir de maintenant, on ne trouvera l’Echoppe nulle part ? Ou il y a du retard ?
Oui, elle existe, je l’ai rencontrée. Elle est presque aussi belle que prévue (finalement, elle n’a pas ses coins ronds). Mais la journée a été longue, il est 2h30 du mat, bonne nuit… Faites de beaux rêves…
Hello Fabrice
Pourquoi ne peut-on pas laisser de commentaire à la rubrique « la Mèche, mode d’emploi » ?
C’est vrai qu’il a tout raté ce M. Juvin… Il n’a même pas vu/lu que toutes les femmes sont des fleurs, et que les hommes n’ont pas de nom… alors oui, c’est évident que c’est un livre sur la fiction littéraire, puisque la narratrice est un peu toutes les femmes de l’histoire peut-être, et puis le père aussi, puisqu’à présent elle est elle-même maman, et transmet la mèche à son tour.
Ne m’en veuillez pas Fabrice si je dis n’importe quoi, mais je suis en pleine rêverie proustienne comme vous savez, et chez Proust aussi toutes les filles sont des fleurs et Albertine est toutes les filles en même temps ( d’ailleurs le narrateur, n’a pas de nom, et il est un peu femme lui même)…
Tiens, j’ai envie d’écrire un article…