Plan média (Troyes épisode 38)
Autre conséquence du salon du livre de Troyes : la presse locale me réclame des interviews. En huit jours : deux radios, une télé, un canard papier (il en reste). Je me plie à l’exercice, mais je dois dire que je n’en raffole pas. En principe, je n’aime me faire interviouver que par des gens qui ont lu mes livres. C’est la seule garantie qu’il se passera quelque chose, qu’on abordera la littérature, ou d’autres sujets qui en valent la peine. La Charte, avec raison, préconise aux auteurs de n’accepter de rencontres qu’avec des classes qui ont lu les livres ; si le monde était bien fait, on appliquerait la même règles aux rencontres avec les journalistes.
Hélas on n’en est pas là, le monde n’est pas bien fait, l’information est un flux continu et gourmand, la littérature serait trop demander, ce n’est là que communication. Soit, communiquons, jetons-nous avec coeur dans le bain de la com, le buzz a horreur du vide. C’est ainsi que je me retrouve, donnant complaisamment des interviews à des personnes, au demeurant très gentilles, bien intentionnées c’est ça le pire, qui m’invitent à « résumer mon univers en une phrase », et là je suis mal barré. Honnêtement, qui, dans la salle, auteur ou pas auteur, serait capable de résumer son univers en une phrase ? Sauf à le falsifier en slogan publicitaire. Je ne me trouve jamais très bon, forcément, je baragouine des banalités plus ou moins compréhensibles auxquelles je m’efforce de croire. En gros, j’essaye de glisser le message que le livre, c’est bon pour la santé. Venez tous au salon ce week-end !
Une fois le reportage enregistré, la caméra pliée, j’ai discuté un peu avec la journaliste de Canal 32. Elle m’a dit : « Moi, j’ai toujours voulu faire de la télévision, parce que j’aime l’image. Je m’intéresse à la photo, à la peinture… Quand je filme, je cherche à construire un beau cadre » . Ah ? Au temps pour moi. Si, derrière ce grand bazar communication, se trouve tout de même une quête de beauté, si infime et enfouie soit-elle, alors j’arrête de jouer les blasés et les ronchons, il y a quelque chose à sauver. J’avais presque envie de l’interviouver, mais je ne connais pas assez son oeuvre.
Londonomètre : un pacson.
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