PEEP-Show
Je travaille dans le camp d’en face. On m’a proposé, et voilà, j’ai dit oui. Eh bien, quoi ? Ne me regardez pas comme ça. Regardez plutôt Kouchner ! Il a bien fini par devenir ministre ! Et Besson, alors ! L’un de nos plus glorieux, la fierté du pays ! Brillant avenir, le gars Besson ! Le retournement de veste est dans le vent. Et attention, l’on n’appelle pas ça trahison, ni reniement, ni opportunisme, on appelle ça ouverture. C’est dire si « Dans la Société du Spectacle, quand une chose n’a pas changé, on lui donne un nouveau nom ; quand une chose a profondément changé, on lui conserve le même nom, ainsi une pomme, un steak, un diplôme. » (Guy Debord)
Ceci pour vous avouer que moi, qui serait plutôt FCPE, voyez le genre, ces temps-ci, je travaille main dans la main avec la PEEP. Oh, ça va, hein, lâchez-moi l’éthique. Allez plutôt faire la morale à Besson. Moi, je ne suis pas nuisible. Je ne suis pas ministre.
Il se trouve que la PEEP de l’Isère m’a proposé de parrainer un joli projet, le Prix du jeune lecteur, alors que la FCPE ne m’a rien demandé du tout… D’abord, je vous le fais remarquer en passant, un livre ouvert orne du logo de la PEEP , pas celui de la FCPE… Et en outre, comme on le sait depuis que le chanteur l’a dit, « fils de la PEEP ou fils de la FCPE, tous les enfants sont comme le tien« … Mais surtout, si le sujet vous intéresse plus loin que mes fausses pudeurs, je vous recommande la lecture attentive de ce forum, émaillé d’édifiantes anecdotes, consacré aux différences entre les deux fédérations de parents d’élèves. Ensuite, vous pourrez revenir me lire vous narrer mes humeurs.
Vous êtes revenus ? Alors sachez que j’ai passé deux heures ce matin dans les locaux de la PEEP de Grenoble, dédicaçant à la chaîne 86 exemplaires de Jean Ier le Posthume roman historique. Ces ouvrages seront offerts, le samedi 6 juin après-midi, lors d’une cérémonie à la Préfecture de Grenoble (qu’est-ce que vous croyez, j’ai des entrées, à présent que je sais choisir mes vrais amis), en guise de récompense à 86 enfants, critiques en herbe, élèves de CM1, CM2 ou 6e, ayant pris la peine de rédiger un texte pour expliquer pourquoi ils aimaient un livre, celui-ci plutôt qu’un autre. J’ai lu quelques uns de leurs textes… parfois touchants pour de bon… lorsqu’ils parviennent à se dégager de la gangue scolaire, des formules attendues, et qu’ils effleurent quelque chose de vital, à la frontière entre leur livre élu et leur sensibilité en formation. Comme des grands. Comme des vrais. Ils touchent le rapport au monde et à eux-mêmes dans les livres. Ils ne l’ont pas volé leur Posthume dédicacé.
Je ne me sens pas viscéralement « auteur jeunesse », je l’ai dit, je n’ai pas systématiquement envie de me revendiquer tel (sauf bien sûr lorsqu’on me prend pour un « auteur adulte », ou qu’on fait mine de mépriser en ma présence la littérature jeunesse)… Mais, au delà de mon statut dont tout le monde se fout et moi aussi un peu, je suis persuadé qu’il faut tout miser sur la jeunesse, et précisément sur l’éducation, rigoureusement tout. La littérature aussi, pourquoi pas., allez hop, dans la balance. Lire, faire lire, oui, je veux bien me faire instrumentaliser par la PEEP, un samedi après-midi à la Préfecture, je veux bien me présenter comme « auteur jeunesse », si c’est pour la bonne cause, si c’est pour l’éducation de la marmaille. Voilà une authentique conviction de gauche, messieurs-dames.
Un jour, je te raconterai mon périple en prix PEEP, avec le débat final des enfants pour élire le super champion juste avant la remise du prix, et cette même remise, un splendide objet façon plaque mortuaire gravé… depuis un certain temps. Respect des enfants ? Mhum…
Puis le discours du monsieur du Ministère, difficile à entendre sans rougir d’être là planté à le cautionner.
Le pire, c’est que pendant qu’on signait les bouts de papier des enfants, les parents pillaient le buffet, et personne pour te faire passer quoi que ce soit. Non non, avec la PEEP, les dieux et déesses écrivains peuvent agonir dans leur coin, pas la moindre petite offrande… Ce jour-là, j’ai échangé mon griffonnage contre une coupe de champagne, je peux bien l’avouer.
Alors quand ensuite on m’a demandé de faire partie du jury qui sélectionne les enfants pour l’année suivante (eux aussi passent sur le gril, faut être les meilleurs mes cocos, sinon, pouet, rien, nada, pas de livre à lire, non mais…), ben là, j’ai dit non. Un acte de résistance bien maigrichon, tu vois. Mais tout de même.
Il paraît que c’était une mauvaise année.
Aïe, je suis adhérent et parent élu au CA du collège de mes enfants, côté FCPE. Est-ce rédhibitoire pour le fond du tiroir ? Trève de plaisanterie, que de haine sur le forum, que je suis allé consulter en cours de lecture de ce billet, pour deux associations somme toute très ressemblante. J’avoue même travailler main dans la main -ici je m’auto-censure, ayant voulu citer une grossièreté desprogienne- avec les parents de l’autre asso. Cher Fabrice, je ne vous tiendrai donc pas rigueur de ce rapprochement avec la peep, et je m’en vais même vous souhaiterun très bon parrainage.
Je suis dubitatif devant tant d’effort à essayer de justifier que ce que l’on fait, est moins mal que de l’autre côté de la montagne. En matière d’avis et de bon sens(car on attrape la nausée à aller lire ce forum), il faut se souvenir des propos de Descartes « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose, n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont »
C’est, dans les forums et à l’image de ces émissions populaires où l’on permet à l’émotion plus qu’à la raison de situer le bon sens, que l’on trouve toute la matière hystérique et irrationnelle de ceux qui pensent penser.
« L’enfer est pavé de bonnes intentions ». tu bosses avec la PEEP, certes. Es-tu à blâmer ? certainement puisque tu le dis toi même.
Dommage d’en faire état ? L’écriture, c’est si bien, si libérateur et si partageable. Pourquoi offrir une tribune à ce qui n’est pas l’essentiel ?
L’éducation, c’est une autre histoire. Elle appartient moins aux auteurs qu’à ceux qui font un travail au quotidien pour rapprocher les enfants de la littérature de jeunesse. Apprendre à aimer à lire est un acte d’accompagnement vers l’émancipation. C’est un combat et c’est le travail des pédagogues.
Bonne continuation
@Yv
Ah bon ?
C’est grossier, de dire « la zigounette dans le pilou-pilou » ?
Alors que de mettre des portiques de détection à l’entrée des écoles, non ?
Yv, je partage (en plus d’une desprogienne complicité) le même ébahurissement que vous quant à la teneur du forum sus-cité.
Et « ils » voudraient que leurs gamins ne se tapent pas dessus dans les cours de récré…
c’est quoi le PEEP ?
Cher Uluberlu
Eh, bien ! Rarement l’un de mes articles aura attiré autant de réactions ! Sujet extra-sensible ! (Presque autant que le nucléaire…) Et cela suffit à répondre à ta question, « à quoi bon faire état de tes affres ? » Voilà précisément, à quoi bon : je suis content de les avoir, ces réactions. Je suis content d’interroger à la cantonade et d’avoir des réponses, je suis content qu’on invite son Desproges et son Descartes, je suis content que les choses n’aillent pas de soi, et je crois bien que ce blog, entre autre, sert à ça.
Quant à la forme, je suis toutefois prêt à admettre le côté presque vain de mes vertueuses ratiocinations, mais ça, c’est parce que c’est de l’humour. Et comme, avec l’humour, on prend toujours le risque de ne pas être compris, je me vois obligé d’expliciter une chose : si je qualifie d' »édifiant » le forum que j’incite à lire, c’est parce que je suis bel et bien édifié par la violence qui émane de la gueguerre de clochers PEEP/FCPE, ainsi que par la bonne volonté ponctuelle qu’on trouve ICI et LA… C’est affaire de personnes davantage que de boutiques, il me semble… CQFD, le fond du sujet, le hiatus entre les dogmes et les rapports humains… Il se trouve que, jusqu’à présent, les rapports humains que j’ai connus à la PEEP sont bons et respectueux.
Tout va bien, alors ?
Pas tout à fait : un point de désaccord entre nous. Je ne puis me résoudre à considérer que l’éducation est le problème des seuls éducateurs. J’ai quant à moi été éduqué un peu partout, pas seulement à l’école, dans les livres aussi. Permets donc, sans le prendre en mauvaise part, que je me sente un peu « éducateur ». J’ai la faiblesse de croire aux vertus éducatives de mon petit « Posthume », très-très loin des manuels scolaires. « L’éducation est une chose trop sérieuse pour qu’on la confie aux éducateurs ». Et voilà, je refais de l’humour, je vais au devant des ennuis.
Bien à toi,
Fabrice
Factotum, je suis ravi d’apprendre que le célèbre – si, si ne soyons pas modeste – factotum de fond du tiroir est un fervent de Desproges. Voyant le haut niveau des « posts » de fabrice, je n’ai pas voulu les rabaisser au dessous du niveau de la ceinture, mais puisque vous m’y autorisez, eh bien, désormais je ne me censurerai plus et zigounipiloupilounerai -en tout bien tout honneur, cela va sans dire !- sur ce site sans plus aucun état d’âme.
Bien à vous
Yves
Moi j’étais de la même aventure que Cécile, au prix de la PEEEP. Bad trip. mais bon, on s’en fiche un peu. J’adore Jean 1er le Posthume. C’est bien qu’il soit lu.
Mais franchement, j’ai détesté qu’ils nous fassent signer sur un bout de table pendant qu’ils s’empiffraient sans même penser à nous filer un coup à boire. Beurk.
cette année, c’est moi qui m’y colle, à l’organisation du Grand Prix des Jeunes Lecteurs organisé par la PEEP ( fédération qui, elle, au moins, a le mérite d’organiser des évènements, un tas d’ailleurs, y a qu’à voir le programme !…… et ne se contente pas uniquement de les critiquer ……et toc !)
alors promis juré, cette année, l’auteur aura de quoi se rincer le gosier !
MERCI POUR VOS ENCOURAGEMENTS , FABRICE !
et je voulais aussi préciser que le GPJL,( grand prix des jeunes lecteurs) tout comme le GPJD ( grand prix des jeunes dessinateurs) est TOUJOURS géré par des parents BENEVOLES, et cela demande un travail fou (en amont de la cérémonie de remise des prix) du mois d’octobre jusqu’au mois de juin !!!! ( préparation du presse-book, élaboration des dossiers et envoi dans chaque établissement scolaire, publicité informative avec affichage urbain et mise sous plis, recherche de sponsors afin d’ obtenir des lots,( galère !!!), achats de centaines d’ouvrages offerts à chaque participant ( le but, ne l’oublions pas, étant la PROMOTION DE LA LECTURE et les libraires en sont ravis !), contacts et organisation administrative avec les différents partenaires « officiels »
( Conseil Général, Mairies, Préfecture etc…..) et j’oublie certainement des étapes ….
Cela a un coût , croyez-moi, et le bénéfice en termes d’adhérents est loin d’être LA motivation première !!!! outre ces deux concours, la PEEP offre les services d’une bibliothèque permanente, avec collecte des listes des manuels scolaires, gestion totale des commandes et distribution à la rentrée !!!!!!! et la PEEP offre encore bien d’autres services ! je ne suis pas payée pour faire de la propagande, mais je sais apprécier tout ce qui m’est offert en tant que parent d’élèves, et bien entendu, aux premiers bénéficiaires : mes enfants !!!!
ah j’oubliais, une de mes tâches les plus difficiles va être de me mettre en rapport avec un auteur-jeunesse disponible qui se prêtera volontiers au jeu ……. ;)
Je vous souhaite une longue route parsemée de nombreux succès !