Ceci n’est pas une pipe, mais un cigare est un cigare. (Fume, c’est du belge.)
L’autre jour, mains ouvertes et yeux fébriles, porté par je ne sais quel sublime enthousiasme ou je ne sais quel apéro géant, je me suis, à mon propre étonnement, retrouvé en train de résumer à mon interlocuteur, en trois quasi-maximes concises et compactes comme autant de diamants, le projet éthique et esthétique non seulement du Fond du Tiroir, mais de toute littérature. Je vous en fais profiter, ce serait dommage de laisser perdre.
En tant qu’écrivain et éditeur, j’affirme qu’écrire et éditer sont deux tâches diamétralement distinctes, et peut-être même antagonistes, pour la raison ci-après énoncée.
1 – En littérature, l’on écrit ce que l’on peut.
2 – Et c’est déjà beaucoup (cf. Romain Rolland : « Un héros, c’est celui qui fait ce qu’il peut. Les autres ne le font pas. »)
3 – Mais l’on publie ce que l’on veut.
(Post-scriptum pour consoler ceux qui en lisant le titre s’attendaient à un article plus olé-olé : ceci est une pipe.)
Si tu savais à quel point ce message tombe à point sur mes réflexions matinales… Écrire, éditer. On écrit, on imagine, on invente ; on se heurte à une mécanique marchande. Alors on se demande pourquoi on écrit, et on se remet à rêver. Et on écrit. Pour oublier qu’on écrit ?
Et en lecteur, on lit ce que l’on peut, ce que l’on veut comme l’on veut et comme l’on peut, et c ‘est pas mal non plus. Donc finalement, nous nous rejoignons.