Bloc-notes, comme disait l’autre
Petits commentaires sur l’actualité, ni tout à fait indispensables ni terriblement palpitants ni foncièrement originaux mais tout de même un petit peu, enfin je trouve, si je peux me permettre :
1 – Et le Goncourt 2024 va à… Houris de Kamel Daoud. Je n’ai pas d’avis sur ce livre que je n’ai pas lu. Mais je fais très grand cas du premier roman de Daoud, Meursault, contre-enquête qui prouvait qu’il est possible d’écrire un grand livre à l’ombre d’un grand livre, et j’ai la plus profonde admiration pour ses intrépides prises de position anti-islamistes qui lui ont valu, quoique moins spectaculairement qu’à Salman Rushdie, une condamnation à mort via fatwa par un imam à la con. Avant le Goncourt, le précédent prix que lui avait remis la France est celui de la laïcité, en 2021.
Ex-islamiste, Daoud est devenu en quelque sorte un fervent islamophobe avec ses déclarations à propos de :
« (…) ce vaste univers douloureux et affreux que sont la misère sexuelle dans le monde arabo-musulman, le rapport malade à la femme, au corps et au désir. (…) Le rapport à la femme est le nœud gordien, le second dans le monde d’Allah. La femme est niée, refusée, tuée, voilée, enfermée ou possédée. Cela dénote un rapport trouble à l’imaginaire, au désir de vivre, à la création et à la liberté. La femme est le reflet de la vie que l’on ne veut pas admettre. Elle est l’incarnation du désir nécessaire et est donc coupable d’un crime affreux : la vie. » (source : Le Monde)
2 – Quincy Jones est mort ! Ah ben alors, ça m’étonne beaucoup, au point que je vérifie sur Wikipedia, on n’est jamais trop prudent. Je croyais qu’il l’était déjà (mort, pas prudent).
En 2018 j’ai vu le documentaire Quincy réalisé par sa fille Rashida Jones, qui le présentait comme un génie, cette info-ci était rigoureusement exacte, et comme moribond, cette info-là était « très exagérée » comme disait Mark Twain. Depuis je m’étais fait à l’idée et voilà que, ah, non, au temps pour moi. Bon, désormais que la nouvelle n’est plus prématurée, on peut avec profit regarder « Quincy » juste pour se souvenir de quel génie c’était. Qu’écouter, tout de suite, en hommage et pour mémoire ? Allez, je choisis Summer in the City.
3 – Arnold « I’ll be back » Schwarzenegger, ex-gouverneur républicain de Californie, est bien vivant (j’ai vérifié sur Wikipedia) et a déclaré : « C’est vrai, je suis républicain, mais je suis américain avant d’être républicain et c’est pourquoi je vote Kamala Harris« . Merde, j’espère que ça ne va pas porter la poisse à Kamala Harris.
4 – Une étudiante iranienne nommée Ahou Daryaei, terriblement courageuse ou suicidaire, s’est assise en sous-vêtements et (pire encore, en matière d’obscénité) en cheveux, au bas d’un escalier et a déambulé à moitié nue sur le parvis de son université, attendant apparemment que les Gardiens de la Révolution viennent la cueillir (l’enlever ? la torturer ? la tuer ?).
Une fois encore, c’est sur le profil d’André Markowicz que je trouve les mots justes pour décrire correctement cet événement hallucinant.
Mais également sur celui de Véronique Stouls, qui a publié une chanson intitulée Épaules nues.
Véronique écrit des chansons, depuis longtemps, mais ces temps-ci elle le fait avec nous, durant les ateliers de création co-animés par Marie Mazille et ma pomme.
Véronique écrit des chansons très marrantes.
Enfin, parfois.
Pas aujourd’hui.
Chapeau bas.
5 – On se le prend, le mur Trump II.
Victoire d’une alliance indestructible : la brutalité, l’argent, le mensonge, le cynisme, le réseautage, l’opportunisme, l’avidité, l’inconscience, le machisme, le climato-scepticisme, la bigoterie de circonstance, le racisme, la vulgarité.
Autant de vertus cardinales pour faire de l’argent ! Et, malheureusement, pour réussir en politique.
Le Fond du Tiroir peut bien rediffuser en hommage électoral son feuilleton consacré à l’histoire littéraire de la fake news, dont le premier épisode était largement squatté par la gigantesque figure de Donald Trump.
Trump avait théorisé la « post-vérité » dès 1987, bien avant de l’imposer en politique, dans son opus magnum Art of the deal : mentir est une méthode marketing ultra-efficace, tout simplement.
Cette nuit de dépouillement, Donald Trump a cessé de dénoncer « des élections truquées » dès le moment de la publication des premiers résultats, lorsque sa victoire était acquise.
Deux illustrations de la victoire de Trump :
– deux figures du mal emblématiques des comics américains (The Joker, Darkseid) manipulent des poupées à l’effigie de Donald Trump, in « Dark Knight: The Golden Child » (Frank Miller/Rafael Grampá, 2020). On remarque que le Joker porte une veste avec un slogan imprimé dans le dos : « J’en ai vraiment rien à foutre, pas vous ?«
– cette phrase sur le dos du Joker était une citation. La veste originale ornée de ce même slogan était portée par Melania Trump en 2018. Melania Trump qui redevient « première dame » pour quatre ans.
6 – Ce n’est pas pour me vanter, mais je suis désormais donateur de la BNF.
Expérience qui me manquait.
J’ai contribué à une bonne oeuvre : l’acquisition d’une oeuvre exceptionnelle, les originaux de La Bête est morte de Calvo.
(Je suis aussi donneur de sang mais ça, ça fait longtemps, ce n’est pas pour me vanter.)
7 – Paix au Liban ! Et à Gaza, et en Ukraine ! Et à Paul Watson ! Et dans nos coeurs.
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