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De rien

Le sentiment dépeint par Lewis Trondheim dans cette page m’est profondément familier.

Extrait de « Les petits riens de Lewis Trondheim » tome 9 : Les chemins de désir (Delcourt, 2024)

On peut s’instruire en s’amusant ! Le titre ainsi que l’illustration de couverture du livre me font découvrir une fort belle locution, issue du vocabulaire des urbanistes, que j’ignorais et que j’espère retenir. L’immédiate joie d’apprendre une telle expression compte parmi lesdits « petits riens » qui font que la vie, ou au minimum la journée, mérite d’être vécue.

Une ligne de désir, appelée aussi chemin de désir par les géographes, urbanistes et architectes, est un sentier tracé graduellement par érosion à la suite du passage répété de piétons, cyclistes ou animaux. La présence de lignes de désir (à travers les parcs ou terrains vagues) signale un aménagement urbain inapproprié des passages existants. » (Wikipedia)

Et à propos de petits riens, le Fond du Tiroir se passionne pour un rien et c’est même à ça qu’on le reconnaît.
Là, tiens, par exemple, ce matin je me passionne pour une curiosité linguistique tout-à-fait stupéfiante, qu’il conviendrait peut-être de poser sur la table dans les débats sur le genre, même si je ne sais pas au juste à quoi ce serait utile.

Lorsque le nom générique d’un animal est masculin, le terme désignant sa femelle existe pratiquement toujours :
Le lion a pour femelle la lionne.
Le renard a pour femelle la renarde.
Le dauphin a pour femelle la dauphine.
Le cochon a pour femelle la truie.
Le sanglier a pour femelle la laie.
Le lièvre a pour femelle la hase.
Existent aussi la rate, l’écureuille, l’hérissonne, la paonne, la manchote, la cygnesse, la phoquesse, la bisonne, la corbelle, la perroquette, la zébresse, la ponette, la daine, la rossignole, la crabesse, etc.
(Je n’ai trouvé comme contre-exemple que le hibou qui est sans féminin, célibataire lexicologique, nulle hibolle et on est en droit de le regretter.)

En revanche, lorsque le nom générique d’un animal est féminin, le terme désignant son mâle N’EXISTE PAS ! Ainsi…
Le mâle de la souris est UNE souris mâle.
Le mâle de la tortue est UNE tortue mâle.
Le mâle de la panthère est UNE panthère mâle.
Le mâle de la chouette est UNE chouette mâle.
Le mâle de la baleine est UNE baleine mâle (libérez Paul Watson, au fait).
Le mâle de la hyène est UNE hyène mâle.
Une salamandre mâle, une hulotte mâle, une antilope mâle, une marmotte mâle, une truite mâle, une taupe mâle, une chauve-souris mâle, une otarie mâle, une tourterelle mâle, etc.

Cette distinction grammaticale s’applique jusqu’aux races imaginaires : on parlera de la dragonne mais de la licorne mâle…

Reste le cas, rare et élégant, des épicènes : un aigle/une aigle.

(Illustration ci-dessous : un blaireau et sa blairelle. Le mâle et la femelle sont difficiles à distinguer, madame est seulement un peu plus petite que monsieur. D’ailleurs, sauvegardons les blaireaux, si mal-aimés.)

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