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Acme Novelty Library

Ah nom de Dieu ! Quel génie ce Chris Ware ! Quelle maîtrise ! Quelle épure et quelle émotion ! Quel art ! Ah oui quel génie ! Il est toujours dangereux de traiter un auteur de génie, cela peut l’inhiber durablement : tant pis, il est hautement improbable que Chris Ware lise le Fond du Tiroir. La seule chose indéniable ici est la réciproque, l’indéniable influence que Ware a sur le Fond du Tiroir, notable dans ma volonté de ne jamais publier deux livres aux formats identiques, ou dans les baratins fleuves à petits caractères dans les formulaires de bons de commande

On pouvait croire que Ware avait réalisé son chef d’œuvre avec Jimmy Corrigan, et finalement non, il est encore jeune, il a de quoi crever le plafond deux ou trois fois : l’histoire en cours dans sa revue sporadique l’Acme Novelty Library (dernier numéro paru : 19), Rusty Brown, est largement aussi bonne que ces travaux précédents, sans doute supérieure. On savait Ware formaliste fou mais il est en outre maître psychologue et maître narrateur : le tout conjugué nous donne un récit comme on n’en a jamais lu/un livre comme on n’en a jamais vu/une humanité comme on ne l’a jamais pensée.

Et voilà qu’avec le nouveau chapitre, la nouvelle pièce du puzzle global intitulée Les chiens d’aveugle de Mars, il donne à présent dans la science-fiction ! Sauf que non, ce n’est pas la science-fiction que vous croyez. De même que, si vous vous imaginez savoir de quoi il retourne en étiquetant tout ceci dédaigneusement « bédé » , vous vous gourez mais alors à un point. Allez voir de ma part ce livre magnifique, qui réussit à être bouleversant grâce à, ou en dépit de, sa maestria technique. Une façon nouvelle, vraiment nouvelle, de raconter une histoire ancienne, vraiment ancienne, celle de la solitude de l’être humain.
Sur Mars.
Génie !

Ce n’est pas encore traduit en français, donc il n’ est d’autre choix que de se le procurer en anglais. J’aurais très envie de le traduire moi-même, mais la dernière fois que j’ai pris cette sorte d’initiative, ça s’est mal terminé.

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