1270
Lu dans le Monde de ce matin :
« Bernard Arnault, le PDG français du groupe de luxe LVMH et Français le plus riche, a une empreinte carbone de 1 270 fois supérieure à celle d’un Français moyen. » Et encore, précise l’article, 1270 seulement ! Car dans le calcul « on exclut les émissions associées à ses investissements ».
1270 !
Un homme exceptionnel en vaut donc 1270 « moyens ». Combien en vaut-il qui sont tout en bas de l’échelle sociale ? 12 700 ? 127 000 ? L’équation serait intéressante.
Imaginons, visualisons : 1 270 péquins « moyens » dans mon genre, conscients de la gravité et de l’irréversibilité de la crise climatique, gentils colibris, qui tâchent de faire des efforts, de baisser le chauffage, de passer moins de temps sur les écrans et de faire durer ceux-ci plus longtemps, de prendre des douches et plus jamais de bain, de ne prendre leur voiture que lorsqu’il n’y a pas d’alternative, de renoncer au voyage en avion qu’ils font une fois tous les cinq ans en moyenne, de manger moins de viande, de porter des cols roulés, d’installer du double vitrage, d’être vigilants sur les circuits courts et l’absence d’emballages, de réparer plutôt que de remplacer, d’éteindre la lumière en sortant… et surtout de réaliser qu’ils n’en sont pas plus malheureux, qu’ils ne se sont pas métamorphosés en Amish.
Or les efforts de ces 1 270 braves gens sont instantanément balayés, annulés et rendus dérisoires par Bernard Arnault, dont l’empreinte carbone augmente d’année en année.
Je suis, en principe, contre le lynchage et les boucs émissaire. Je ne réclame pas sur l’air de la Carmagnole que l’on pende Bernard Arnault avec les tripes de François Pinault ni qu’on promène leurs têtes sous les fenêtres des familles Mulliez, Dassault ou Bettencourt, et je ne prétends pas que ce sacrifice humain « sauverait la planète ». Non non non. En revanche je rêve, plus modestement, plus utopiquement encore, d’une politique qui sanctionnerait vraiment tous les foutus « premiers de cordée » au lieu de les caresser dans le sens du poil, au lieu de nous les désigner en modèles, en héros, en titans, en surhommes, en bienfaiteurs, en Grands Officiers de la Légion d’Honneur (Arnault possède ce titre-là depuis 2011, sous Sarkozy).
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