Tire-d’aile
Je ne lis pas les livres de la rentrée littéraire, du moins jamais pendant la rentrée littéraire. J’ai fait une exception pour l’Amélie Nothomb cru 2023, Psychopompe.
Pas mon préféré, même s’il est de sa veine autobiographique que j’adore. Il s’agit d’une autobiographie thématique, plus spécifiquement d’une « autobiographie en oiseau » un peu comme Jack London a écrit son « autobiographie en alcoolique » dans John Barleycorn. La Nothomb revisite, mais cette fois vu du ciel, les épisodes de sa vie documentés ailleurs : le Japon d’enfance, la Chine, New York, la Birmanie, le Bangladesh, le Japon de l’âge adulte, la Belgique, l’écriture.
Les anecdotes s’enchaînent, certaine sont terribles (« les bras de la mer »…) pourtant il manque à ce littéral survol un peu de récit, de liant : c’est au fond moins un roman, fût-il autobiographique, qu’un essai. D’ailleurs scène après scène elle n’arrête pas de donner des définitions, « l’oiseau c’est », « voler c’est », « la vie c’est », « la mort c’est », et surtout dans le dernier tiers « l’écriture c’est », car in fine c’est le vrai sujet du livre. Or écrire, c’est voler.
Beaucoup de « Mon père Patrick Nothomb c’est », également : on trouve dans cet opus un bel hommage au père mort en 2020, et ce faux roman, vrai essai, peut se lire comme une longue postface à Premier sang, autobiographie par procuration de son géniteur qui, pour le coup, est mon Amélie Nothomb préféré.
Peu importe mes réserves : je l’aime quand même. Elle est toujours cinglée et toujours attachante, et par ce livre très personnel mais très explicatif on comprend mieux pourquoi et comment elle est si attachante et si cinglée. Un peu sorcière aussi, un peu médium, mystique authentique et, voilà autre chose, psychopompe. Elle qui croule sous les lettres de fans et s’honore de répondre à tous, après ce coming-out d’accompagnatrice d’âmes elle n’a pas fini de recevoir des demandes de communication avec les morts…
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