Du vomi dans l’œil
Série La publicité c’est de la merde, épisode 8543.
Je me déplace en bus donc je subis plusieurs fois par jour les affiches débilitantes aux arrêts JC Decaux. La dernière que j’ai vue m’a plongé comme jamais dans la consternation. Une célèbre marque de hamburgers et de fast-cholestérol fait ici la promo de sa dernière « création » , un sandwich au poulet frit. L’image est assez nauséeuse par ces temps de canicule mais moins que le slogan, plus ignoble que tout : Il est frit, il a tout compris.
Il m’a fallu quelques secondes pour comprendre cette phrase sibylline (littéralement, on aurait tout compris lorsqu’on s’est fait frire ? De là où il se trouve, que peut bien comprendre du monde, de la vie, de quoi que ce soit, le malheureux poulet en batterie réduit en hamburger ? Les antispécistes apprécieront) et l’astuce cachée derrière : cette phrase est la parodie d’un slogan antérieur, martelé il y a une quinzaine d’années par un opérateur de téléphonie français. Voilà où nous en sommes rendus : aujourd’hui, lorsque la publicité nous inflige son humour, ses clins d’œil, jeux de mots, paronomases ou oxymores, elle ne puise plus sa matière première parmi le socle commun d’une évanescente culture dite générale, propice à la connivence (expressions et proverbes, titres de livres ou de films, citations littéraires…) mais bien dans ce qui est le plus susceptible d’être une référence commune et populaire : une autre publicité. La boucle est bouclée, la pub est désormais endogamique et totalitaire, elle a dévoré toute la « culture » et nous sommes bien mal barrés.
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