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Le zèle des mythos (Cancel la Cancel, 2/5)

Cérémonie animée par le Conseil Scolaire Catholique Providence (Sud Ouest de l’Ontario) : on brûle les livres censurés et la cendre est ensuite utilisée comme compost pour planter des arbres. Attention, faut pas se moquer des rituels locaux, ce serait de la discrimination, faut respecter.

La « cancel culture » est une peste de notre temps. (cf. épisode 1)

Le génocide amérindien s’est poursuivi pendant quatre siècles au Canada et on prend à peine la mesure de l’actualité de ce massacre planifié (tout l’été 2021 ont été exhumés des cadavres de jeunes autochtones à proximité des pensionnats catholiques conçus pour les désensauvager…) – détails ici.

Et en réaction à ce scandale permanent, faute de réflexion réelle et de prise de conscience, faute d’aggiornamento politique, social, économique et religieux, que fait-on ? On détruit par le feu quelques livres jugés « inappropriés » ! Parmi les condamnés : Tintin, Astérix, des documentaires illustrés qui ont le toupet de montrer des Amérindiens torse nu (non mais de quel droit ?), voire d’utiliser le mot dégradant amérindien, ou des romans ayant eu, à une autre époque, la prétention de mettre en scène des personnages issus de ces peuples alors même que leur auteur est aussi blanc que Jacques Cartier, par conséquent au minimum complice et bénéficiaire de stigmatisation et de racisme.

(Tintin, je dis pas, les stéréotypes racistes y sont avérés, et au premier degré, sans humour, mais Astérix ??? Astérix est un chef d’oeuvre de déconstruction des stéréotypes, notamment nationaux, grâce à l’humour qui met à distance. Le brûler, c’est se priver d’un puissant outil intellectuel : la distance, c’est très grave et c’est hélas très contemporain. Si ce n’est déjà fait, on condamnera bientôt Iznogoud pour islamophobie.)

Un autre livre intitulé Les Indiens, publié en 2000, a été jeté au recyclage pour avoir été écrit en France, sans consultation des communautés autochtones du Canada. Suzy Kies, autoproclamée « gardienne du savoir » autochtone et, en tant que coprésidente de la Commission autochtone du Parti libéral du Canada, responsable acharnée de ces mises de livres au bûcher, a établi une sévère ligne à ne pas franchir (on n’ose pas dire une ligne rouge, à tous les coups ce serait mal perçu) : « Jamais à propos de nous sans nous » .

Quelle misère intellectuelle, quelle pénible odeur d’inquisition. Je me fais une raison, Ainsi parlait Nanabozo, roman éminemment inapproprié ne fera jamais carrière au Canada. Je tirerais même un grand orgueil qu’il brûle dans le même autodafé qu’Astérix.

Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Elle connaît ces jours-ci un rebondissement inattendu, du genre qui fait le sel de toutes les bonnes histoires de tartuffes.

Intéressant cas de psychopathologie : il vient d’être révélé que la sus-nommée Suzy Kies, grande inquisitrice et maîtresse de cérémonies des feux de joie purificateurs, n’a, après vérification, aucun ancêtre amérindien sur au moins 7 générations. Alors que le site web de son parti la présente comme « une autochtone urbaine de descendance abénaquise et montagnaise [ancien terme désuet pour innu] ». Celle qui détruit les livres en proclamant, la main sur le cœur, « Les enfants dépendent de nous pour leur dire ce qui est vrai ou faux, ce qui est bien ou mal » est une impostrice (imposteuse ?) maladive, rongée par on ne sait quelle névrose de culpabilité et de justice à rendre.

Après le fameux « zèle des convertis », voici le temps du « zèle des mythomanes ». On n’a pas fini de rire jaune.

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