Funk you up
Le Big Mother Funkers est un bataillon de 20 funksters en rangs serrés et habits de lumière. À ne pas confondre avec le Little Mother Funkers, brigade légère qui procède du précédent mais ne compte que six membres : Carine Serre (sax alto & sax baryton), Sylvain Dropsy (sax ténor & soubassophone), Damien « Darachide » Rabourdin (trompette), Fabrice Vigne (trombone basse & pBone jaune citron), JC Sanchez (guitare), Baptiste Métayer (batterie et roi des beats en folie – titre). Plus, parfois, un septième membre subsidiaire, lorsque elle est décidée : Nita (un peu mascotte, un peu de percu et un peu de chorégraphie).
Le Little Mother Funkers revient d’une tournée estivale sur la côte-côte-dazure, a donné sept concerts en cinq jours et a écumé campings, marchés, restos… avant d’être repéré dans la rue (attention aux yeux qui piquent : ci-après authentique success story) par le boss du festival de jazz de Ramatuelle qui lui a proposé de jouer pour l’inauguration de son festival. Vous avez fait quoi, vous autres, cet été, sinon ? Vazi moi ça va trankchil j’ai juste inauguré oklm le festival de jazz à Ramatuelle avec mes potes, ensuite tsékoi on est allés se baigner au Cap Taillat, enfin tu vois quoi trankchil ouèche.
Vive le funk qui nous rend beaux. Le funk c’est la vie en personne, le désir dans le bas-ventre et les doigts de pied, l’énergie cosmique qui nous chauffe de l’intérieur, le plaisir d’offrir et la joie de recevoir, l’été sur la plage mais sans sable dans le maillot, sans se préoccuper diable diable de l’endroit où a pété l’attentat du jour, sans déconner ladies and gentlemen shake your booty, le bien que ça fait. Je brode sur le sujet, sous ce lien, et dans le micro amical de Jean Avezou.
Vous êtes directeur de festival de jazz ou de salle de spectacle et vous n’attendez que nous pour mettre le feu à votre public ? Vous êtes un parvenu méditerranéen ayant réussi dans l’immobilier et vous cherchez le groupe qui chauffera l’ambiance un quart d’heure dans votre jardin pour le mariage de votre fille ? Vous êtes un nouveau riche, plus ou moins russe et vaguement mafieux, et vous nous voulez sur votre yacht parce que ça commence à bien faire les DJ techno et leur bouse sonore ? Vous êtes un simple mais honnête particulier, amateur de bonne vieille fonque qui brille, vos murs sont insonorisés et d’ailleurs vos voisins c’est pas un problème, ils sont sympas et vous les avez invités à danser ? Contactez-nous, on vous fera un devis.
Post-scriptum quelques mois plus tard. Je viens d’avoir avec un ami folkeu une conversation fort intéressante. Il en a surgi l’idée suivante : la musique savante occidentale, depuis le chant grégorien jusqu’à, disons, Messiaen, est imbibée jusqu’à la moelle de christianisme, par conséquent de haine du corps. Dès lors, ce que l’on appelle Musique a toujours vocation au hiératique, au sublime dans le meilleur des cas (Bach en massif central de la cartographie), au moins à l’austérité, à la cérébralité, à l’intimidation, la musique nous convoque en tant que purs esprits et nous sommes sommés de l’écouter pieusement assis et tétanisés, dans un auditorium tout comme à la chapelle, respirant à peine, niant nos organes. L’ami folkeu et moi-même, tout en nous imaginant laïcs, sécularisés, athées peut-être, avons dès notre plus jeune âge intériorisé cette conception que la musique digne de ce nom s’adresserait à notre cerveau, ou mieux, à notre âme, certainement pas à notre corps, cette guenille. Pour lutter et guérir de cette folie, chacun de nous deux durant sa jeunesse a dû emprunter un chemin qui le mène à une musique lui autorisant la reconnexion avec son corps et celui des autres, afin que des sons et des rythmes effacent en nos organes cette erreur contre-nature, cette musique qui enferme les pieds dans un bloc de béton. Lui m’avoue : « le bal folk m’a sauvé » , et c’est très amusant, ce besoin d’être sauvé de cette putain de religion qui n’a que le salut à la bouche. Quant à moi, j’ai été sauvé par le funk, via le jazz, cette musique de nègres, de païens, de danseurs, de transes, de muscles, de plaisir, de couleurs et d’odeurs, de sang, de sueur, de larmes, de sperme. Je ne saurais croire qu’à un dieu qui danse (Nietzsche).
Bonjour Fabrice
Dommage que nous soyons si éloignés, je serais venu vous écouter et shaker my body (bon assez raidement je dois confesser).
A bientôt