Noël-Noël est-il le fils caché de Lola Lola et Humbert Humbert ? Et sinon, quoi ?
Pour le plaisir, je reproduis un dessin d’André Franquin. J’admire Franquin avec constance depuis une bonne quarantaine d’année, soit depuis l’instant crucial où, à peine capable de me tenir assis tout seul sur mon derrière, je fus (je me revois) saisi soudain par l’intuition que la destruction par mâchouillage n’était pas le seul usage possible de l’objet « livre » qu’une grande personne avait placé entre mes mains. Depuis lors, jamais je n’ai vu un mauvais dessin de Franquin. Je ne connais que le trait toujours bienveillant de Franquin, expressif, drôle (alors que l’homme était dépressif chronique), généreux, humaniste… Franquin est nourrissant. On puise dans son dessin une joie sans cesse renouvelée, une évidence, une justesse, une souplesse qui est aussi souplesse de l’esprit, on puise tout ce qui semble couler de source mais qui en réalité provient d’un travail acharné, d’une pratique quotidienne. La maîtrise sereine mêlée à la recherche perpétuelle (comme chez Moebius ou Crumb, deux similaires passions de longue durée). Un grand artiste. Une humilité maladive, avec ça.
Pour le plaisir, je reproduis CE dessin d’André Franquin. Autoportrait expéditif, crobard modeste et cependant merveilleusement représentatif de son art. Le contexte a beau être poignant voire funeste (Franquin se remet alors de son premier infarctus – quelques années plus tard, le prochain aura raison de lui), ce dessin est un memento mori plein de grâce, d’esprit, de vie même, de profonde légèreté, de métaphysique-pour-tous, qui rendrait des points aux variations sur le même thème par les maîtres de la Renaissance.
Je constate que je me suis laissé déborder… Je voulais procéder comme d’habitude, glisser une illustration sans rapport direct avec mon propos, et sans prendre le soin d’expliciter le lien, débrouillez-vous lecteurs, je vous tiens pour intelligents… Mais ce matin, pour une fois, l’exégèse du dessin a pris le dessus, j’en ai finalement écrit deux paragraphes. C’est parce que j’aime Franquin. (Sous ce lien, une mise en scène maison, autre hommage à un gag de Franquin.)
Revenons tout de même au sujet. Or quel est-il ?
Il est plus tard que je ne croyais. Le temps vole : c’est un oiseau, c’est un voleur.
Deux ans que je n’avais pas publié de livres. Je rattrape en vitesse, avec un doublon, un doublet, un doubli, un double-clic, deux livres en quinze jours. Des faux jumeaux, comme en 2010.
* Vironsussi, avec Olivier Destéphany et Romain Sénéchal, Le Fond du Tiroir, décembre 2014 (op. 15)
* Fatale spirale, avec Jean-Baptiste Bourgois, Sarbacane, janvier 2015 (op. 16)
Tous deux sont calés, chez l’imprimeur, cordon coupé, je ne peux plus corriger, je peux toujours me gratter. Ils ne se ressemblent pas tellement. Je sais de moins en moins quoi répondre quand on me demande Vous faites quoi comme genre de livre, aucune idée, un livre après l’autre, pas très vendeur l’absence de genre. Ces deux-là je leur cherche des points communs… À première vue je n’en trouve qu’un, peu significatif : ils contiennent tous deux l’expression « œil pour œil dent pour dent ». Je suis le maître es-Talion, ou quoi ?
Concernant l’arrière-boutique au Fond-du-Tiroir, sachez que la souscription de Vironsussi a relativement bien marché : plus de 30 souscripteurs à ce jour, merci à eux. Le livre atteindra son seuil de rentabilité au bout de 230 exemplaires écoulés, c’est dire si nous ne sommes pas encore extraits des ronces (certes on a fait pire : certains titres antérieurs, comme La Mèche ou L’Échoppe n’ont remboursé leurs frais de fabrication qu’au bout de plusieurs années ; d’autres comme ABC Mademoiselle ou Lonesome George n’y parviendront a priori jamais…), donc continuez à remplir et renvoyer le bon de souscription, braves gens ! Et vous recevrez avant Noël un bel ouvrage augmenté de son CD. En déballant le paquet, vous découvrirez en outre et en exclusivité la vraie couleur de sa couverture, différente des quatre précédemment envisagées… Encore plus belle, je ne vous dis que ça. Les non-souscripteurs ne savent pas ce qu’ils perdent. C’est même à cela qu’on les reconnaît.
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