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Archives pour 03/2025

Chacun sa chanson

27/03/2025 Aucun commentaire

Photo de famille : la dream-team du week-end dernier. De gauche à droite : Véronique Stouls, Denis Chatroux, Mali Billiau, Valda Daligand, un type chelou en sweat à capuche, Marie Mazille, Helene Hirtz, Claire Guy, Laetitia Plançon, Chantal Bouziat.
Encore un magnifique stage de création de chansons, joyeux et fertile, encadré par MMMM (Marie Mazille et moi-même).
Neuf stagiaires au total (l’un a dû s’éclipser avant l’heure de la photographie).
Soit neuf imaginaires à accompagner, neuf univers intérieurs à explorer ou ré-explorer sans relâche, neuf idées précises ou vagues, à sculpter par les mots et par la musique. Neuf improvisations dirigées. Neuf progressions, d’où que l’on parte.
Et, à la fin du week-end : neuf chansons.
Le miracle s’accomplit à chaque fois. Pas d’erreur, malgré la régularité qui le rend prévisible, il s’agit bel et bien d’un miracle, nous n’en sommes pas blasés.
D’ailleurs, nous pouvons d’ores et déjà révéler la date du prochain miracle : il aura lieu le week-end des 14 et 15 juin 2025 à Solexine, Grenoble.
Contrairement à ce que nous avions imprudemment annoncé, faute de trouver un créneau commun en croisant trois agendas chargés, CE NE SERA PAS un stage en trio, avec session d’enregistrement aux bons soins de Patrick Reboud… mais un « simple » stage en duo, même miracle ordinaire que le précédent.
Bien à vous et à bientôt,
MMMM.

(Les détails à l’adresse habituelle : https://www.fonddutiroir.com/blog/?page_id=17801)


Chacun de nos stages de création de chansons se concrétise par un certain nombre de titres, l’équivalent d’un EP voire d’un LP. Je veux dire : un extended play ou un long play, oui, pardon, je cause comme on causait au XXe siècle, lorsque la musique se consommait par albums conçus par les artistes plutôt que par flots de titres enchaînés par les algorithmes.Une fois ces chansons enregistrées dans des conditions professionnelles (merci Patrick Reboud), elles sont postées sur Soundcloud (merci Mali Billiau).
Certes, avec pas mal de retard, puisque la fournée publiée aujourd’hui même met en valeur des chansons créées il y a deux ou trois stages… mais peu importe, le résultat est là, bel accomplissement pour nos chantistes, et superbe carte de visite pour Marie Mazille et moi :
https://soundcloud.com/mariemazille-861880613
On découvrira dans cette cuvée, aussi hétéroclite que les autres, dix chansons (un album, vous dis-je) :

Le vrai Cularo puis Buralist song, deux chroniques urbaines avec supplément de gouaille dauphinoise, par Caroline Sebaibi ;
Recueil, poignante visite d’un garde-meuble comme on ouvre un album de famille ; puis Drôle de décor, prière athée, par Chantal Bouziat ;
Brutal, récit d’une tragédie et d’un traumatisme, comme son nom l’indique pudiquement ; puis Page d’écriture, discours de la méthode, c’est-à-dire deux facettes de Véronique Stouls (qui est une fille marrante, mais pas que) ;
Le bureau des souvenirs perdus, délicieuse fantaisie fleuve qui pourrait aussi bien être une nouvelle fantastique mais qui a bien raison d’être plutôt une chanson, par Mali Billiau ;
D’un sort malin, récit d’un fait divers paysan rendu à la fois hermétique, légendaire et universel par la grâce de la pure poésie, par Valda Daligand ;
Le plein de ta peau, déclaration d’amour épidermique et maritime, et mes fesses tu les aimes mes fesses, par Sylvie Reghezza ;
– Et puis bien sûr la chanson collective pour conclure cet album-ci, car où en serions-nous sans collectif : Jaloux, une java qui pose les vraies questions : « Où est l’amour ? Entre quatre mours ! Où est ma mère ? Qui m’exaspère« , etc.

Matrimoine

20/03/2025 Aucun commentaire

Il est toujours bon de s’aérer les neurones, fût-ce dans l’air méphitique de la capitale, et je reviens remonté comme une pendule de deux jours à Paris où j’ai assisté au congrès annuel des bibliothécaires musicaux organisé par l’excellente ACIM.

Outre des visites guidées dans des fonds merveilleux voire mythiques : la BNF, la Médiathèque Musicale de Paris sise aux Halles ou encore la discothèque de Radio France (hallucinante caverne d’Ali Baba)… les débats et tables rondes étaient fort stimulants quoique sur un sujet peu neuf (c’était déjà celui des RNBM 2017), mais toujours vibrant d’actualité en notre époque de destructions tous azimuts : le patrimoine.

Je retiens particulièrement la conférence inaugurale, passionnante. L’intervenante, Claire Bodin, directrice de festival et conceptrice de la base de données « Demandez à Clara » consacrée exclusivement aux compositrices, a mis les pieds dans le plat direct :

« Vous programmez deux jours consacrés au patrimoine, d’accord, merci, mais quid du matrimoine ? »

(ce dernier mot est souligné en rouge par mon correcteur d’orthographe, c’est dire.) La provocation est savoureuse, adressée à un parterre de professionnels s’ébrouant, selon les termes de leur cadre d’emploi, dans « les bibliothèques et le patrimoine ». Que conserve-t-on, au juste, que transmet-on et que néglige-t-on ? Examen de conscience : nous autres gardiens du patrimoine sommes-nous gardiens du patriarcat ?

« Matrimoine n’est pourtant pas un néologisme, mais de même que « autrice » il disparaît au XVIe siècle par la faute de ces messieurs de l’Académie française, qui considéraient qu’on ne recevait un héritage que de son père, en aucun cas de sa mère ! Car de la mère, et des femmes, on ne reçoit que des choses accessoires et sans valeur… »

Témoin de l’antériorité du substantif matrimoine, l’adjectif qui en découle est resté en usage : matrimonial. Soit : relatif au mariage. Puisque les femmes ne sont bonnes qu’à ça, à se marier et faire des gosses, merci la dot. Tandis que patrimonial, c’est du solide, du sérieux, pas de la bagatelle mais de la valeur, tous sens du terme. Les hommes, peut-être par archaïque jalousie de la gestation, ont toujours eu tendance à dénier aux femmes un autre pouvoir créateur que celui-ci : assignation à être génitrices et jamais génies (c’était le sujet d’un des tout premiers articles substantiels au Fond du Tiroir en 2007).

Sans matrimoine, sans l’idée même du matrimoine, pas d’héritage venu des femmes, pas de traces, pas de legs, pas d’œuvres conservées, nulle artiste femelle au panthéon, et ainsi des siècles de musiques écrites par les femmes ont été invisibilisés, jusqu’à se demander si ces femmes et ces musiques ont réellement existé – le doute est permis et alimente perversement l’idée reçue : les grandes compositrices n’existent pas, CQFD. On le sait, les « grands artistes » sont tous des hommes, en musique comme ailleurs.

Pourquoi avoir baptisé cette base de données Demandez à Clara ? Parce que Clara savait :

« Quand je ne serai plus, alors tout sera oublié de mon apport à l’art. » (Clara Schumann, tragiquement lucide, épouse de Robert et compositrice aussi géniale que lui mais à l’ombre de son mari.)

Maddalena Casulana (1535-1590) dédie ainsi son premier livre de madrigaux à Isabelle de Medicis :

« Je souhaiterais [révéler] aussi au monde (pour autant que cela me soit permis dans la profession de la musique) la vaine erreur des hommes, qui se croient maîtres des dons de l’intellect au point qu’il leur semble impossible de partager ces derniers avec les femmes. »

Ces références à elles toutes seules méritaient le voyage. Si le cœur vous en dit la conférence de Claire Bodin est déjà sur Youtube.

Déjà 5 ans de « monde d’après ». Et après ?

16/03/2025 Aucun commentaire

16 mars 2020 : à cinq ans d’ici, jour pour jour, Emmanuel Macron déclarait dans le poste « Nous sommes en guerre » afin de justifier le confinement national. Ce discours guerrier est documenté au 70e couplet de la chanson-fleuve Au premier jour de la Confine, explicitement créée pour servir l’écriture de l’Histoire. (Cinq ans plus tard nous ne sommes plus confinés mais, par ailleurs, presque en guerre. Il a fini par l’avoir, Manu, sa guerre littérale qui élève l’homme d’État ! République en Marche ! Marchons ! Marchons ! Qu’un sang impur !)

Flashback : au printemps 2020 quatre artistes confinés, Marie Mazille, Capucine Mazille, Franck Argentier et Fabrice Vigne se lançaient dans cette interminable ritournelle pour conjurer l’interminable confinement, l’ennui et l’angoisse. Ce témoignage burlesque et poétique est presque entièrement visible sur Youtube – quant à la véritable intégrale, sous forme d’un élégant livre-DVD, elle est toujours disponible sur commande au Fond du Tiroir.

Ici, la présentation Ulule périmée mais perpétuellement réjouissante.

L’art du rébus est difficile

10/03/2025 Aucun commentaire
Peut être un graphique de 1 personne et texte

J’ai publié sur les rézos le rébus ci-dessus, en spécifiant Une maxime à trouver, attribuée à Philippe Néricault Destouches (1680-1754).

Quelques personnes ont percé l’énigme, ce qui m’a conduit à estimer que Je ce rébus-ci était niveau débutant, tandis que le précédent publié du Fond du Tiroir, niveau expert, n’avait été décrypté par personne.

Mais j’ai eu un remords : mon rébus ne respectait point l’alexandrin originel, amputé d’un pied. Comme je ne saurais souffrir qu’on me reprochât un manque de respect envers l’alexandrin, j’ai rapidement revu ma copie. Voici la version 2, format paysage, pour changer :

Peut être un graphique de 1 personne, niveau, plan et texte

Vient l’heure de la solution.
Version 1 (fautive, au temps pour moi) : Lac Riz Ticket Thésée Mail Hardy [Oliver] Fissile.
Version 2 (respectant l’alexandrin originel) : Lac Riz Ticket Thésée Mail-art Eddy [Constantine] Fissile.
Cette célébrissime citation est extraite de la comédie Le Glorieux de Philippe Néricault Destouches (1709).
Voici l’extrait intégral, que j’ai été tenté de traduire in extenso sous forme de rébus (comme Philippe Vuillemin fit avec La Recherche du temps perdu) avant de me souvenir brusquement que j’avais autre chose à faire :

ISABELLE, à Philinte : Qu’y désapprouvez-vous ? Les vers ou la musique
PHILINTE : Je sais peu de musique et fais de méchants vers,
Ainsi j’en pourrais bien juger tout de travers.
Et d’ailleurs j’avouerai qu’au plus mauvais ouvrage
Bien souvent, malgré moi, je donne mon suffrage.
Un auteur, quel qu’il soit, me paraît mériter
Qu’aux efforts qu’il a faits on daigne se prêter.
LISETTE : Mais on dit qu’aux auteurs la critique est utile.
PHILINTE : La critique est aisée et l’art est difficile.
C’est là ce qui produit ce peuple de censeurs,
Et ce qui rétrécit les talents des auteurs.

Ne pas confondre Tarif et Tariff

09/03/2025 Aucun commentaire

Prochain stage de création de chansons assuré (et faut voir comment) par Marie Mazille & Fabrice Vigne : les 22-23 mars 2025, à Solexine, Grenoble.
Comme l’échéance est dans 15 jours, il est grand temps de relever le compteur : restent non pas mille non pas cent non pas dix places vacantes, mais DEUX. Figurez-vous qu’on ne vend pas ces deux ultimes aux enchères, elles restent au même tarif dérisoire que les autres : 160 euros le week-end.
Merci à Véronique Stouls qui nous a concocté l’attrayant support de com ci-dessus. Les autres détails à retrouver au Fond du Tiroir.

J’annonce les tarifs de notre stage et brusquement je découvre le dernier trumpisme à la con : le fou dangereux orange et blond vient de déclarer “tariff is the most beautiful word in the dictionary”. Comme je refuse d’avoir quoi que ce soit en commun avec ce type (à part à la rigueur les organes de base équipant un être humain), et certainement pas un mot fétiche, je m’indigne, m’ulcère et objecte qu’il existe des centaines de milliers de mots plus beaux que tarif. Figurine. Ombilical. Geyser. Confidentiel. Projectile. Relief. Graminée. Couleuvre. Iceberg. Chenil. Bronches. Kangourou. Agrafe. Collision. Marguerite. Pécamineux. Crocus. Tremblement. Acrobatie. Lénifiant. Et combien d’autres. Je me demande si tous les mots du dictionnaire ne seraient pas sensiblement plus beaux que Tarif.

Bref, pour jouer avec plein de jolis mots, rendez-vous le 22 mars. Is there Life on Mars ? Ben oui ! (Message subliminal : vive David Bowie, à bas Elon Musk.)


Un petit jeu, en avant première.

Comme nous avons systématiquement un bon taux de redoublants (triplants quadruplants ad lib.) Marie et moi tâchons de renouveler en permanence le répertoire d’exercices que nous confions à nos stagiaires. En voici un inédit, que nous venons d’inventer. Nous avons choisi une chanson très inconnue d’un chansonnier très connu (je n’en dirai pas davantage), et en avons prélevé tous les mots clefs : Pluie, Venir, Nuages, Mon gars, Avancer, Croche-patte, Chemin, Long, Main, Chanter, Copains, Girouette.

Il vous reste à écrire une chanson nouvelle en incluant ces mots-là. Dernière étape : comparer le résultat avec l’original peut s’avérer amusant.
Si vous n’êtes pas présent avec nous ce week-end (tant pis pour vous) vous avez le droit de jouer chez vous.

Comme il est tout-à-fait inconvenant et contraire à l’éthique de donner une consigne qu’on n’a pas au préalable suivie soi-même, je me plie illico à l’exercice. J’écris ceci, en quintils monorimes, anaphores et alexandrins (je le précise pour qui serait déjà versé dans le vocabulaire technique) :

Le nuage est si grand que le ciel est caché
Le nuage est si long qu’on ne peut l’empêcher
Le nuage est si bas qu’on pourrait le toucher
Le nuage est si lourd… et la pluie est lâchée
Sous le ciel océan, mon gars, il faut marcher !

Chaque goutte te frappe jusqu’à t’écorcher
Chaque goutte te vise à la main d’un archer
Chaque goutte te cogne en caillou en rocher
Chaque goutte léchée crachée torchée douchée
Sous le ciel océan, mon gars, il faut marcher !

Horizon renversé, girouette perchée
Horizon sans chemin sans plafond ni plancher
Horizon sans chanter sans copain sans clocher
Horizon croche-patte à travers la drachée
Sous le ciel océan, mon gars, il faut marcher !

Un jour viendra peut-être un jour sans trébucher
Un jour viendra et un toit pour te retrancher
Un jour viendra et un abri pour te sécher
En attentant ce jour, avance sans flancher.
Sous le ciel océan, mon gars, il faut marcher !

« Il faudrait essayer d’être heureux ne serait-ce que pour donner l’exemple » (Jacques Prévert)

02/03/2025 Aucun commentaire

Carte postale Le Fond du Tiroir !

Je me trouve, à pied et par hasard, à chercher mon chemin dans les ruelles de l’une des plus petites préfectures de France, Digne-Les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence, ex Basses-Alpes).

Je remonte, toujours par hasard, la rue de l’Hubac lorsque soudain, au n°47, je tombe nez à nez avec une plaque m’informant qu’ici vécut l’évêque De Miollis, que Victor Hugo prit pour modèle en écrivant Monseigneur Myriel dans Les Misérables.

J’en suis bouleversé comme si je découvrais accidentellement l’authentique lieu natal de quelque héros. Ulysse, D’Artagnan, Jean Moulin, Spider-Man, Paul Watson ou Greta Thunberg, ce calibre, pas moins.

Monseigneur Myriel est introduit dans une séquence qui fonde à la fois l’incomparable roman-fleuve (dont le tout premier paragraphe, le fil qui dépasse et s’apprête à dévider toute la bobine, est : « En 1815, M. Charles-François-Bienvenu Myriel était évêque de Digne. C’était un vieillard d’environ soixante-quinze ans ; il occupait le siége de Digne depuis 1806. »), bien des consciences politiques dont la mienne, et diverses théories éducatives.

Myriel est « Un juste » (titre du livre premier) qui donne sa confiance à Jean Valjean et lui montre, par l’exemple et sans prêchi-prêcha, que le bien est possible. La bonté advient si la bonté est possible, et la bonté est possible aussitôt qu’un geste de bonté prouve qu’elle est possible. Elle est non seulement possible, mais elle est là, entre toi et moi, et maintenant à toi de jouer, non non, c’est à toi, tu peux garder les chandeliers, tu les avais oubliés.

Considérer que son interlocuteur est bon le rend bon (inversement, considérer qu’il est mauvais le rend mauvais – et ad libitum on peut remplacer « bon » ou « mauvais » par ce qu’on voudra, « intelligent » ou « stupide », « généreux » ou « égoïste », le paradigme s’appliquera).

Je me trouve devant le 47 rue de l’Hubac à Digne (quel nom de ville prédestiné, au fait) et je suis ému, presqu’aux larmes, comme si j’avais devant moi le nombril du monde, le centre natif de tout espoir possible.

Au cul les tristes sires et les fauteurs de guerre, Trump, Musk, Poutine, Bardella ! Vos gueules puisque la bonté est possible !

Je m’ébroue pour ne pas céder à l’angélisme mou, et plutôt que de citer Mgr Myriel, j’ai envie de donner ici un poème d’un autre natif des ex-Basses-Alpes, le poète Lucien Jacques, pote et par certains aspects Doppelgänger de Jean Giono :

CREDO

Je crois en l’homme, cette ordure.
Je crois en l’homme, ce fumier,
Ce sable mouvant, cette eau morte.
Je crois en l’homme, ce tordu,
Cette vessie de vanité.
Je crois en l’homme, cette pommade,
Ce grelot, cette plume au vent,
Ce boute feu, ce fouille-merde.
Je crois en l’homme, ce lèche-sang.

Malgré tout ce qu’il a pu faire
De mortel et d’irréparable.
Je crois en lui
Pour la sureté de sa main,
Pour son goût de la liberté,
Pour le jeu de sa fantaisie

Pour son vertige devant l’étoile.
Je crois en lui
Pour le sel de son amitié,
Pour l’eau de ses yeux, pour son rire,
Pour son élan et ses faiblesses.

Je crois à tout jamais en lui
Pour une main qui s’est tendue.
Pour un regard qui s’est offert.
Et puis surtout et avant tout
Pour le simple accueil d’un berger.